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Au-delà de la contestation, les Guinéens doivent faire émerger une vraie démocratie

Tribune. Des Guinéens regardent sur leurs smartphones la proclamation des résultats de la présidentielle du 18 octobre 2020 à Conakry, en Guinée.

Contester les élections du 18 octobre ne suffit pas, c’est toute la culture politique en Guinée qui doit évoluer. Huit personnalités, toutes âgées de moins de 40 ans, proposent d’ouvrir le dialogue pour créer, enfin, une vraie nation démocratique.

Depuis son accession à l’indépendance, la Guinée n’a pas réussi à se doter de structures politiques et d’institutions  juridiques capables d’arbitrer pacifiquement et objectivement les luttes pour l’exercice du pouvoir. Cette carence est confirmée par la domination du parti-État sous la présidence de Sékou Touré, la récurrence des changements constitutionnels pour allonger les mandats présidentiels et les violences qui ont accompagné presque toutes les compétitions électorales de 1993 à 2020.

Ce constat révèle la continuité d’une culture politique antinomique avec l’esprit démocratique. Et loin d’être imputable à une seule personne, cette antinomie s’explique par la nature du système politique guinéen qui allie dans une même logique, intenable en pratique, le formalisme démocratique et les pratiques informelles du pouvoir.

En réalité, la libéralisation politique entamée dans les années 1990 ne s’est pas encore traduite par l’autonomisation d’un espace politique soumis aux contraintes publiques de la loi. Autrement dit, la société guinéenne n’est pas encore organisée sous la forme d’un État de droit.

Construire une société politique démocratique

Fort de ce constat, nous pensons qu’il faut aller au-delà de la contestation des élections du 18 octobre 2020 et s’engager collectivement dans une démarche citoyenne visant à créer les conditions éthiques  et politiques qui permettront aux individus et groupes qui composent la Guinée de coexister de la meilleure façon possible. L’enjeu à court terme n’est plus de savoir qui doit ou peut exercer le pouvoir, mais comment, dans le futur, organiser le pouvoir et les modalités de sa conquête de manière à répondre aux exigences de l’intérêt public.

S’il est vrai que la question du troisième mandat est à la source des violences actuelles, nous pensons qu’une solution durable et efficace appelle à une réflexion sérieuse sur l’édification d’une communauté politique nationale. C’est là une exigence que ne permettent pas de saisir les concepts galvaudés d’alternance et de continuité dans le changement. La nature antidémocratique de la culture politique guinéenne impose au préalable que nous cherchions à relever les défis éthiques de la vie commune, à savoir organiser les relations humaines sous les rapports de la justice, de l’égalité et de la liberté. Lire la suite sur Jeune Afrique

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