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Un acteur politique rétorque François Soudan : ‘’Si Alpha Condé n’est pas un dictateur, il démontre actuellement qu’il est loin d’être un démocrate ‘’

Tribune. Non François Soudan, entre l’Alpha Condé l’opposant que nous sommes nombreux à avoir connu et l’actuel Alpha Condé, Président de la Guinée depuis plus de dix ans, c’est loin d’être le même personnage politique.

Sur le plateau de Djoma TV, dans l’émission ‘On refait le monde‘, vous avez dit, parlant du Président Alpha Condé, “c’est quelqu’un que je connais depuis les années 90, donc depuis une trentaine d’années. Je l’ai connu alors qu’il était opposant, en exil en France, dans les circonstances dépourvues, parfois très compliqué mais vous le savez, c’est quelqu’un qui bouge beaucoup. Je faisais partie des gens, des journalistes qu’il voyait, c’était un ami. Je ne vois pas au nom de quoi, le fait qu’il soit arrivé au pouvoir, devrait faire de lui un ennemi ou un adversaire…“

Comme vous, je connais Alpha Condé depuis plus d’une trentaine d’années et, pour être un peu plus précis, depuis mai 1986, à Dakar, lors de mon second exil politique au Sénégal. C’est après avoir lu un article que j’avais écrit sur le COMUNA, organisation militaire qui lui était proche, qu’il a cherché à me rencontrer. Il a tout essayé pour connaître mes sources…

Puis, voyant qu’il ne les aurait pas, il a tourné cette page pour parler de mon opposition au régime Lansana Conté, qui était sur le point de fêter ses deux années de pouvoir. Je lui ai montré la lettre ouverte au Général Conté, que j’ai préparée à cette occasion. De nos conversations, il a su que je suis un opposant démocrate et allergique au communisme et au Parti/Etat du PDG. Une amitié entre lui et moi s’est développée et a tenu jusqu’en novembre 2012. Il a même fait de moi le Rédacteur en chef adjoint de ses publications (Malanyi et Segueti) et m’a fait nommer, en septembre 2012, au Palais présidentiel devant plusieurs dizaines de personnes, sur le Comité central du Rpg a-e-c. Puis, on s’est ignorés lui, je ne sais pourquoi, mais moi, en raison de sa mauvaise gouvernance du pays.

S’il n’est pas dictateur, il est loin d’être un démocrate

Vous avez également dit que si vous considériez “qu’il avait une très mauvaise politique ou, comme on a dit dans l’opposition, qu’il est un dictateur, je ne pense pas qu’il serait resté mon ami. C’est évident qu’il n’est pas un dictateur, il est resté celui que j’ai connu depuis 30 ans avec une différence, c’est qu’il y a un exercice du pouvoir… J’avoue que j’ai du mal à le retrouver dans le portrait qui est fait de lui. Parfois, j’ai vu les outrances que j’ai pu lire, dictateur, main tachée de sang…on peut tout à fait ne pas être d’accord avec Alpha Condé mais il ne faut pas exagérer, on ne peut pas l’accuser de tout et de n’importe quoi…“

Je respecte votre opinion. Mais, tout observateur sérieux de la scène politique guinéenne sait que la gouvernance Alpha Condé a été un échec. D’ailleurs, lui-même le reconnaît et le dit haut et fort. Est-il un dictateur ? Wikipédia décrit un dictateur comme étant “un chef d’État qui exerce seul le pouvoir politique d’un pays, sans séparation des pouvoirs. Le régime politique est lui alors qualifié de dictature“. Et parlant de régime démocratique, Wikipédia dit que “la démocratie est devenue un système politique dans lequel la souveraineté est attribuée aux citoyens qui l’exercent de façon : directe lorsque les citoyens adoptent eux-mêmes les lois et décisions importantes et choisissent eux-mêmes les agents d’exécution, généralement révocables“.

Le régime d’Alpha Condé est proche duquel des deux systèmes ? Ce n’est pas parce que l’on est ami de quelqu’un, fils ou fille de quelqu’un que l’on ne devrait pas lui dire la vérité. Si vous êtes un bon ami d’une personne, vous devriez lui dire la vérité. Au lendemain de la proclamation des résultats du 2 ème tour de l’élection présidentielle de novembre 2010, Alpha Condé m’a dit de lui faire parvenir un mémo sur “le courriel habituel“.

Pour être un démocrate, il faut organiser des élections inclusives (celles du 22 mars 2020 ne l’ont pas été), transparentes, libres et pacifiques. Si François Soudan avait fait comme nombre d’observateurs honnêtes, il n’aurait pas soutenu que les élections des 22 mars et 18 octobre 2020 étaient démocratiques et pacifiques. Car, Alpha Condé, pour le double scrutin du 22 mars 2020, dans son discours du 28 février 2020, avait interdit la participation des formations politiques comme l’Ufdg, l’Ufr, le Pedn, etc. Pour l’élection du 18 octobre, la Cour constitutionnelle, pour des motifs ridicules, n’a pas osé examiner les recours en contestation des résultats déposés par certains candidats, Cellou Dalein Diallo en tête.

Je ne suis pas militant de l’Ufdg ni d’une quelconque autre formation politique. Mais je suis porté à croire que Cellou Dalein Diallo, jusqu’à preuve du contraire, avait gagné cette élection du 18 octobre 2020, essentiellement parce qu’il avait fourni les procès-verbaux des résultats issus des urnes, que la Commission électorale guinéenne et des administrateurs territoriaux avaient falsifiés en faveur d’Alpha Condé. La Cour constitutionnelle s’est limitée à valider ces résultats et, depuis, le pays vit dans un climat trop tendu. Une espèce de 2 ème tour aurait aidé à faire accepter les résultats… comme en 2010.

M’inspirant de l’Hymne du Wassoulou, je suggère au Président Alpha Condé, pour quitter le camp des dictateurs et traduire son discours de rassemblement de tous les Guinéens pour le développement de leur pays, la Guinée, en actes concrets, de libérer tous les détenus politiques et d’Opinions, de débloquer l’installation des Conseils régionaux, de districts et de quartiers ou, comme les résultats de l’élection du 4 février 2018 sont disparus, par la faute de l’Administration territoriale et de la Céni, d’organiser une élection groupant des législatives, régionales, communales, de districts et de quartiers. Je lui suggère également de libérer le QG et le siège de l’Ufdg, formation politique dans laquelle se réclament des millions de patriotes guinéens.

À ses Conseillers et Collaborateurs, à ses amis comme François Soudan, de lire l’Hymne du Wassoulou ou d’écouter ‘Regard sur le passé‘ du célèbre Bembeya Jazz National chantant cet Hymne du Wassoulou, qui enseigne au Chef (Alpha Condé dans le cas présent) :

“Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes les plus valeureux;

“Si tu ne peux dire la vérité, en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes les plus courageux;

“Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes justes;

“Si tu ne peux protéger le fer pour braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur;

“Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots.

“Oh Fama! Le peuple te fait confiance, il te fait confiance parce que tu incarnes ses vertus.”

 

 

Ibrahima Sory BALDÉ

Patriote déçu de la classe politique guinéenne

In guinafnews.info

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