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La  fête de Tabaski : une tradition à l’épreuve du temps !

Edito. Rien n’est plus comme avant, le constat est déchirant, en Guinée fêter ne rime plus avec réjouissances, du moins depuis quelques années. Auparavant, l’annonce d’une fête traditionnelle, d’une cérémonie familiale ou mouvement de solidarité suscitait un véritable enthousiasme et les préparatifs avaient lieu à un rythme qui battait tous les records à comparer aux jours ordinaires.

L’on passait alors de l’ordinaire à l’extraordinaire, dans la cité, la circulation, les marchés ou tout autre lieu susceptible de mobiliser du beau monde. C’est fini, la fête est derrière nous, autant fut grande la précarité de la majorité. Aujourd’hui, on ne peut ôter aux fêtes qu’une seule chose ou presque : le fait qu’elle se tiennent chaque année et pour toujours selon le calendrier établi. Car c’est une tradition religieuse qui transcende le temps et semble s’inscrire à la limite de l’existence humaine.

Mais face à un monde de plus en plus enivré par la recherche du bien-être individuel en lieu et place d’une solidarité agissante, dans un monde où le bien personnel, privé, se partage peu ou ne se partage plus ou presque, ceux qui ont plus de chance ont l’avantage sur les autres, tous les avantages d’ailleurs sur les moins privilégiés par nature ou par négligence.

Cette réalité caractéristique du monde d’aujourd’hui, ôte chaque année un peu plus toute la beauté, l’ambiance et la solidarité que suscitaient les fêtes traditionnelles. Plus l’humanité s’avance, plus on a le sentiment que tout s’effondre, le bonheur des uns étant loin d’activer la chance des autres ou les délivrer de quelque souffrance radicalisante et destructrice.

Le bonheur isolé ne saurait profiter à tous tout comme il est impossible de satisfaire toute la hantise humaine. Mais avec un peu d’efforts des uns envers les autres, d’attention des plus riches envers les plus pauvres, de redistribution équitable et attentionnée des ressources, il est bien possible de construire un petit paradis sur terre.

Ceci est un idéal mais en prenant du recul pour s’inspirer des modèles de partage et de réussite individuelle et collective d’une époque qui semble révolue, il y a de quoi espérer qu’un jour tout pays comme la Guinée devienne une merveille où il fait bon de vivre, avec un peuple enviable et moins envieux.

Pauvreté ne rime pas avec éclat, elle attise plutôt le feu sous un récipient déjà surchauffé et au bord de l’éclatement. « Il fallait ouvrir un peu le couvercle pour éviter que la marmite n’explose” aimait rappeler feu ’’Karachaud’’ un de mes éminents professeurs d’histoire à Faranah, parlant de la guerre froide et son indispensable détente sans laquelle le monde se serait écroulé à jamais.

 

Habib THIAM

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