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Une loi autorise désormais les gendarmes guinéens à tirer à vue

La session des lois qui vient de prendre fin au Parlement guinéen a été marquée par l’adoption de plusieurs textes de  lois, mais celle qui fait l’objet de plus de polémique est relative à la loi autorisant les  gendarmes à utiliser leurs armes non conventionnelles en cas d’obstacle ou de menace.

Désormais les gendarmes guinéens  ont  le droit de tirer à vue. Une loi a été votée en ce sens par des députés. Une adoption qui offusque plus des défenseurs des droits de l’homme.

La loi indique qu’en cas de risque, ces hommes en tenue peuvent user de leurs fusils garnis de balles pour mettre le feu. Une adoption qui est mal venue, d’autant plus qu’avant cette loi, plusieurs citoyens ont été victimes d’assassinat pendant les manifestations à caractère politique ou social, dont ces agents sont accusés d’être les auteurs. Et aucune justice n’a été rendue sur ces tueries.

Cette loi, vient à un moment où la Guinée traverse le pire moment de son histoire. L’actuel président Alpha Condé est dans une posture de tripatouiller la constitution en vue de rester à vie à la présidence. Un projet qui commence à susciter de vague contestation dans la sphère sociétale et politique du pays.

Dans leur narration, la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, dirigée par la Dame Djené Saran, une députée du parti au pouvoir, a énuméré les raisons de l’adoption de cette loi, qui à les en croire, celle-ci permet de protéger les guinéens contre le phénomène du terrorisme, en plus les prises d’otages et tout autre cas dans lesquels un gendarme se retrouve  face à un danger.

Face à une telle situation, les gendarmes peuvent tirer à vue et sans qu’ils ne soient poursuivis. C’est comme un permis de tuer en termes clairs.

Mais les  juristes ont appelé les autorités guinéennes à privilégier la promotion des questions des droits humains et des conventions internationales relatives aux droits de l’homme auxquelles la Guinée a souscrit.

Ils redoutent les conséquences d’une telle loi. Elle est jugée dangereuse par d’ailleurs plusieurs députés, dont une grande partie  des 113 qui composent l’Assemblée nationale s’est abstenue à voter.

Il signale qu’au sein même de la commission défense et sécurité de l’assemblée nationale, certains députés ont critiqué le document et se sont opposés ouvertement à son adoption.

Les organisations de défense des droits de l’homme redoutent que les gendarmes ne se servent de cette loi pour tuer impunément dans le contexte actuel, marqué par la polémique autour d’une nouvelle Constitution et un éventuel 3ème mandat du chef de l’Etat guinéen.

Nombreux sont des observateurs qui affirment que cette loi est votée pour dissuader les prochaines manifestations contre le projet de modification de la constitution, dont la galaxie présidentielle fait la promotion pour permettre à leur mentor de s’éterniser au pouvoir.

 

Mamady Camara pour afriquevision.info

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