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RDC : ‘’les élections constituent un véritable piège pour notre pays’’, selon Me Jean Claude KATENDE

« Le mal fait à la République Démocratique du Congo par ses leaders politiques est tellement profond qu’il faut une solution chirurgicale pour refonder ou inventer un autre avenir pour le Congo.»

Le magazine « Toi et Moi » reçoit  ce 14 octobre 2018 pour vous Me  Jean Claude KATENDE, Président National de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme, ASADHO en sigle, pour échanger sur l’avenir de la République Démocratique du Congo.

Pensez-vous que l’avenir du Congo est suspendu aux élections de décembre 2018 ?

Les élections de décembre 2018 telles que préparées jusqu’à ce jour, constituent un véritable piège pour notre pays. Elles ne sont pas une solution à la crise de légitimité créée par le refus du Président Joseph Kabila d’organiser l’élection, en 2016, conformément au délai prévu par la Constitution. Donc ces élections sont une véritable menace contre la paix et la stabilité du Congo.

En partie, nous pouvons dire que l’avenir du Congo dépend aussi de ce que ces élections seront et de ce qu’elles vont nous apporter.

Vu la détermination de la CENI à organiser les élections avec la machine à voter et le fichier électoral corrompu et décrié par la grande partie de congolais, il est clair que nous sommes face à un avenir incertain pour le pays.

Mais en grande partie l’avenir du Congo dépend de ce que la majorité de congolais désirent, c’est-à-dire des élections crédibles. Ce type d’élections ni le Président Kabila ni la CENI dans sa forme actuelle n’ont la volonté de les organiser. D’où le besoin  d’avoir une Transition Sans Kabila(TSK) pour sauver l’avenir du Congo et lui donner des institutions dignes et légitimes.

L’avenir du Congo dépend plus de ce que le peuple congolais pense. Pas de ce que les politiciens disent ou veulent faire. Ils ne sont pas capables de travailler à la satisfaction  des besoins des congolais.

Nous entendons beaucoup de congolais qui disent que le Congo est un pays maudit, il n’a pas d’avenir. Partagez-vous cette façon de voir les choses ?

Je suis de ceux qui croient dans la bénédiction et un avenir radieux pour le Congo. Quand je pense aux richesses que Dieu a données à ce pays et quand je vois le dynamisme des congolais, je me dis toujours que le Congo a un grand avenir.

Nous avons eu le malheur d’avoir des dirigeants qui n’ont pas compris que les vrais leaders sont ceux qui sont au service de leur peuple. Pas ceux qui utilisent leurs fonctions publiques pour s’enrichir honteusement  ou pour brimer leurs compatriotes.

C’est ici, la raison d’être de notre engagement démocratique. C’est ici, la raison de tous les risques que nous prenons. Il faut que le nouveau Congo ne soit plus dirigé par des hommes et femmes véreux, préoccupés par leur enrichissement personnel que par le bien-être de nos concitoyens.

Si tous les congolais prennent conscience de cette réalité, nous ne pouvons plus avoir  des dirigeants que nous avons eus les quarante dernières années.

Le mal fait à la République Démocratique du Congo par ses leaders politiques est tellement profond qu’il faut une solution chirurgicale pour refonder ou inventer un autre avenir pour notre pays. Toutes les solutions qui sont proposées en dehors de la Transition Sans Kabila(TSK) sont destinées à pérenniser le système de gouvernance du régime du Président Kabila qui est rejeté par notre peuple.

Malgré le parcours démocratique difficile, je crois au Congo et aux congolais.

Aujourd’hui, les congolais sont très divisés sur la question des élections. Les uns pensent qu’il y aura élection au 23 décembre 2018, alors que les autres pensent le contraire. Quelle est votre lecture de la situation ?

Cette division est voulue par ceux qui dirigent le pays et par la CENI. Mais tous les congolais, quelle que soit leur appartenance politique ou sociale, veulent une démocratie effective et des élections crédibles.

Dans le contexte actuel, que les élections aient lieu en décembre ou pas, il est clair que les élections telles que préparées par la CENI ne peuvent conduire qu’à un chao qui ne profitera pas aux congolais.

Les élections qui seront organisées par le régime actuel ne conduiront pas au respect du choix des dirigeants que les congolais auront fait. C’est le choix de ceux qui ont l’argent et les armes qui sera imposé que la machine à voter soit écartée ou pas, que le fichier soit nettoyé ou pas.

D’où le peuple doit se préparer à prendre son destin en mains si les élections crédibles ne sont pas organisées ou si ses choix ne sont pas respectés par ceux qui croient qu’ils ont pris le Congo en otage.

Depuis 2015, les forces du changement ont exigé les élections et le départ du Président Kabila. Trois ans après,  le Président Kabila est toujours là et les élections n’ont toujours pas eu lieu. Qu’est ce qui a manqué aux forces du changement ?

Ce qui a manqué aux forces du changement c’est d’avoir de leaders convaincus du fait que le changement est nécessaire pour que le Congo avance. Ce qui est arrivé avec les quelques anciens leaders de l’opposition qui sont au Gouvernement démontre que nous avions à faire à des hommes et femmes qui voulaient être au pouvoir dans le même système. Ça, c’est vraiment dommage.

Le comportement de ces quelques anciens opposants a démobilisé beaucoup de congolais et jeté le discret sur les autres opposants qui sont en fait de bons leaders.

Ce qui a encore manqué c’est l’unité des forces du changement. Chaque fois qu’une structure a été mise en place pour canaliser et mobiliser plus de congolais au tour des objectifs clairs et communs, il y a eu toujours quelques personnes qui n’ont pas voulu y prendre part pour telle ou telle autre raison.

Les structures qui ont été mises en place ont été sabotées ou trahies par d’autres acteurs.  Pour quoi les gens ont quitté le Front citoyen 2016 ? Pourquoi les gens ont quitté la Dynamique de l’opposition ?

A voir les choses, c’est comme si dans les forces du changement, il y a toujours de gens qui travaillent à la pérennisation du régime actuel.

Ce qui est sûr est que le peuple finira par se passer de tous ces  leaders politiques pour agir tout seul.

Je crois dans ce sursaut du peuple.

Les forces de l’opposition sont enquête d’un candidat unique. Pensez-vous que c’est possible d’avoir un candidat unique de l’opposition ?

Nous les encourageons à trouver ce candidat unique. Mais connaissant nos acteurs politiques qui aiment jouer chacun pour soi, je doute fort qu’on en arrive à la désignation d’un candidat unique de l’opposition. S’ils y arrivent, je serais le premier à les féliciter et à comprendre que le Congo est un pays de surprise.

Vous qui avez milité pour la Transition Sans Kabila(TSK) depuis votre réunion de Chantilly en France en 2017, pensez-vous que c’est une option toujours défendable ?

C’est la meilleure de solution pour organiser des élections crédibles et espérer un changement de système de gouvernance actuelle.

Ceux qui pense que le Président Joseph KABILA va partir parce qu’il a choisi son dauphin, ils se trompent. Le Président KABILA n’a aucune intention de s’éloigner du pouvoir.  Monsieur Shadary est le prolongement du règne du Président KABILA. J’attends voir ce que les prochains jours nous réservent comme surprise.

La TSK est l’outil par excellence pour changer les choses fondamentalement.

Donc la TSK est toujours défendable et d’actualité.

Si les élections ont lieu en décembre 2018, quelle chance, accordez-vous, au candidat  du FCC, Monsieur Emmanuel SHADARY ?

Si les élections sont crédibles, Monsieur Emmanuel SHADARY n’a aucune chance de les gagner. Il sera battu par le candidat de l’opposition. Monsieur SHADARY est comptable du bilan négatif du Président Joseph KABILA. Objectivement, il ne peut gagner les élections que grâce à la fraude et à la tricherie.

Interview réalisée depuis la RDC par  Christelle YESALASO pour afriquevision.info

contact@afriquesion.info

 

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