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Pour un pacte vert, le Maroc doit se tourner vers les énergies renouvelables

Tribune. Dans vingt ans, dès 2050, et à condition que l’augmentation moyenne des températures mondiales soit contenue en dessous des 2 °C inscrits dans l’Accord de Paris sur le climat, les Marocains vivront dans des villes où la climatisation sera nécessaire pour supporter les vagues de chaleur. Dans vingt ans également, pour satisfaire les besoins de déplacement, le parc automobile actuel devrait avoir doublé ce qui met en avant les enjeux très concrets des choix énergétiques qui seront faits dans le Royaume.
Le Maroc doit se tourner vers les énergies renouvelables. La hausse du prix de l’énergie le justifie. Le pétrole, qui est la première énergie du développement, est aussi l’énergie dont le prix est le plus volatil et le plus élevé du monde. Or, le Maroc importe environ 90% de ses besoins énergétiques, avec une facture d’importation énergétique qui atteignait l’an dernier 82,3 milliards de dirhams (8,5 milliards de dollars), soit une hausse de 18%.
La consommation nationale d’énergie enregistre, selon les estimations, une hausse annuelle de 3 à 5%, le développement des capacités de production d’énergie renouvelable permettra de répondre à une part considérable de la demande et ainsi de réduire la nécessité d’importer.
Les énergies renouvelables du Royaume sont actuellement produites par quatre centrales solaires et 11 parcs éoliens. La centrale solaire de Noor Ouarzazate a la capacité la plus élevée, avec 580 MW. Dans le secteur éolien, la centrale de Tarfaya a la capacité la plus élevée, avec 301 MW, suivie d’Aftissat et Akhfenir, avec 200 MW chacune.
Les projets prévus qui n’ont pas encore été lancés comprennent les centrales solaires de Noor Midelt I et Noor Midelt II, avec des capacités de 800 et 230 MW respectivement, ainsi que d’autres projets totalisant une capacité de 1150 MW d’énergie solaire et 640 MW d’énergie éolienne.
Comment les projets sont-ils financés ? Cela peut se faire par des investisseurs privés, dans le cadre d’une politique de développement durable, ou encore pour bénéficier de crédits carbones, à l’image de la société Lafarge, qui a créé le parc éolien de Tétouan. Il y a aussi le fond vert pour le climat lancé en 2010 dans le cadre de la négociation de la Convention des Nations Unies sur le changement Climatique.
Existe-t-il un type d’énergie renouvelable à privilégier ? Tout dépend de la région. La capacité marocaine en énergie renouvelable atteignait 3 685 mégawatts (MW) fin 2019, dont 700 MW d’énergie solaire, 1 215 MW d’énergie éolienne et 1 770 MW d’hydroélectricité, selon l’Agence marocaine des énergies renouvelables (MASEN).
Les Marocains sont-ils prêts ? Il y a un changement d’état d’esprit. Il ne faut pas raisonner en termes d’énergie, mais de développement soutenable. L’objectif est de faire en sorte que les gens puissent payer leur facture d’électricité, et ainsi se développer. La solution passe donc par une mise en valeur du potentiel marocain. La valorisation des ressources présente sur le territoire national sera toujours la meilleure voie.
Il faut donc un pacte vert pour le Maroc, un « Green Deal ».Le Maroc vise à rendre 42% de sa production d’énergie renouvelable en 2020 et passer à 52% en 2030.L’objectif pour le Maroc doit être de devenir le premier pays du continent africain neutre sur le plan climatique, pour ralentir le réchauffement de la planète et en atténuer les effets. Cela veut dire compenser chaque année ses émissions par une absorption équivalente en puits carbone.
Un pacte vert est une stratégie de croissance. Il permet de réduire les émissions, tout en créant des emplois et en améliorant la qualité de vie. C’est une volonté qui doit guider l’ensemble des politiques – du transport à la fiscalité, de l’alimentation à l’agriculture, de l’industrie aux infrastructures. Le pacte vert, c’est d’investir dans les énergies propres et étendre le système d’échanges de droits d’émission, mais aussi renforcer l’économie circulaire. C’est un immense enjeu.

Par Fabrice Cassin, avocat au barreau de Paris et associé au sein du cabinet LPA-CGR avocats à Paris, spécialiste en droit public, intervient en droit de l’énergie et de l’environnement.

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