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Neymar au Barça, les coulisses d’un transfert impossible

Le feuilleton du transfert avorté de la star brésilienne du PSG à Barcelone a tenu en haleine l’Europe du foot pendant deux mois et demi. Récit.

À ce moment-là, dans la touffeur de la mi-août, la première réunion entre Barcelone et Paris est passée. Dans la capitale française, une délégation catalane est venue discuter ce mardi 13 août d’un transfert de Neymar, qui alimente la chronique depuis presque deux mois. La séance ne débouche sur aucun accord. Déjà. Les Barcelonais, qui ont cherché à médiatiser cette rencontre en prévenant les journalistes du lieu et de leur heure d’arrivée, sont quasiment venus les mains vides, proposant un  prêt de Coutinho et une vague somme d’argent.

Cette semaine-là, Neymar comprend pour la première fois que son exfiltration relève d’une opération plus compliquée que prévue. Son clan, lui, diffuse l’idée que les négociations avancent, que le joueur n’a jamais été aussi proche d’un retour en Espagne. Est-ce la méthode Coué? Les proches de la star sont-ils manipulés par le Barça, qui tient d’un côté un discours et de l’autre n’agit pas vraiment? Le numéro 10 brésilien voit bien que ça patine.

Au camp des Loges, il s’en ouvre à certains partenaires. Il confesse pour la première fois une forme de résignation. L’un d’eux lui glisse alors : « Tu croyais que tu allais quitter comme ça le Prison-Saint-Germain ? »

Convaincre l’attaquant de parler

Depuis le 18 juin et un entretien explosif de Nasser Al-Khelaïfi à France Football, les envies d’ailleurs du numéro 10 auriverde sont dévoilées. Le président parisien parle parce que le joueur a averti sa hiérarchie qu’il souhaite s’en aller. Le Qatar, actionnaire du PSG, se sent humilié. L’émir donne une feuille de route à Leonardo, le directeur sportif, sur ce dossier : il ne part que si Paris récupère plus qu’il n’a dépensé en août 2017, plus que les 222 millions d’euros (M€) versés pour le rachat de la clause de Neymar à Barcelone.

Aux joueurs de Thomas Tuchel qui s’inquiètent de ne plus voir la star Porte de Saint-Cloud cette saison, ce qui pour une large majorité de l’effectif ne constitue plus le même projet, Al-Khelaïfi décroche son téléphone et appelle les hommes forts du vestiaire. Il les rassure, sans leur cacher la vérité. « Oui, Neymar peut partir mais seulement si l’offre est énorme. » Il va même jusqu’à donner un montant, la somme de 300 M€. Ils raccrochent confiants.

A Barcelone, le casse-tête financier se poursuit, avec en toile de fond la volonté de ne pas froisser Messi avec qui Neymar est en contact permanent. Le Barça a planifié depuis plusieurs mois l’arrivée d’Antoine Griezmann pour 120 M€ payés à l’Atlético de Madrid et un salaire au champion du monde de 21 M€ net par an. Le deuxième dans le vestiaire catalan, derrière le record mondial, celui donné à Messi, 50 M€. Neymar se serait glissé au 2e ou 3e rang, selon les « efforts » qu’il aurait consenti pour revenir.

A Paris, il perçoit 30 M€ net d’impôts par an. Barcelone n’a plus beaucoup d’argent mais a toujours des idées. Pour accentuer la pression sur Paris, un moyen comme un autre de le faire fléchir, les dirigeants demandent au père de Neymar de convaincre l’attaquant de parler. De taper fort sur la table et de prononcer surtout les mots : « Je ne veux jouer qu’au Barça. »

Offres factices du Real

Des proches s’opposent à cette démarche. La famille du Brésilien en a conscience depuis le début : il faut trouver un langage corporel qui montre que la star ne se plaît plus au PSG sans aller jusqu’au bras de fer ou aux déclarations tapageuses, qui ne faciliteront pas un départ.

Les conseillers du joueur ont une autre idée en tête : en ne fermant aucune porte, Neymar peut espérer voir le Real Madrid, le rival absolu du Barça, entrer dans la danse. Le pouls est pris mais la maison blanche a d’autres chats à fouetter. Elle réserve notamment ses liquidités pour attirer Kylian Mbappé la saison prochaine. Cela n’empêche pas les partisans d’un transfert de construire des offres factices du Real qu’ils s’évertuent à rendre publiques. La manœuvre ne prend pas. L’opposition à la venue de Neymar, avançant une folie financière, gagne du terrain à Barcelone.

Paris sait depuis longtemps que Barcelone, club politique par excellence, n’a pas les moyens. Les Catalans ne pouvaient s’offrir un retour du Brésilien. Paris, lui, avait fixé un prix qui ne permettait à aucun club de l’acheter. C’est l’histoire d’un transfert qui ne pouvait se réaliser.

 

 

Avec leparisien

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