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L’environnement est devenu un élément-clé des relations internationales

La 37e journée mondiale de l’environnement célébrée ce 5 juin a cette année un goût particulier. La marche du monde est en lien avec l’environnement et ce dernier ne peut être relégué au second plan dans les relations internationales. Le choc créé par le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris en témoigne.

La planète Terre voit rouge. Les éléments vitaux qui entourent les hommes et leur activité sont menacés. La dégradation des sols, la pollution et l’épuisement de l’eau, la pollution de l’air sous toutes ses formes entraînent une dégradation de la biodiversité massive et une raréfaction des ressources naturelles. Aux Maldives, certaines îles sont menacées de disparition, les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes, la Grande barrière de corail disparaît, des populations entières aux quatre coins de la planète ont de plus en plus de difficultés à accéder à l’eau, des espèces animales sont en voie d’extinction, la liste est terrifiante.

Une lente prise de conscience

A l’origine de cette dégradation de l’environnement : l’homme et ses activités. La prise de conscience que notre planète est en danger a mis du temps à faire son chemin avant que la protection de la nature et des espèces ait aujourd’hui une place à part entière, non seulement dans la recherche scientifique, mais également dans le domaine des relations internationales.

C’est en 1972, lors de la conférence de Stockholm, que pour la première fois l’environnement a réellement droit de cité dans les relations internationales. De ce Sommet de la Terre découlera la création de nombreux ministères de l’Environnement dans plusieurs Etats. Le choc pétrolier de 1973 confirmera, empiriquement, la nécessité de prendre en compte ces questions.

L’environnement dans les relations internationales possède depuis ce temps une place grandissante. « Pour autant, c’est une question qui reste peu étudiée dans le domaine des relations internationales et aujourd’hui notre « appareil » de recherche sur les relations internationales n’est pas encore bien équipé pour que soient intégrées les questions d’environnement. Ces questions sont encore trop considérées comme techniques, réglées à part par des politiques strictement environnementales. Alors qu’en réalité ça touche tous les aspects de l’organisation du monde », analyse François Gemenne, chercheur à Sciences-Po.

Le retrait de Trump de l’accord de Paris, un coup dur pour l’environnement

Preuve en est le retrait de Donald Trump ce 1er juin de l’accord de Paris, considéré par François Gemenne comme un bouleversement géopolitique majeur. Les réactions en chaîne de toutes les grandes capitales le montrent, « parce que l’environnement affecte profondément les rapports entre Etats. On le voit bien : les Etats-Unis se retrouvent au ban de la communauté internationale sur une question d’environnement, sur leur renonciation à un traité environnemental ». Et le chercheur d’ajouter que le retrait américain « n’est pas seulement quelque chose qui touche au climat, c’est un refus du multilatéralisme, un refus d’essayer de gérer ensemble les grands défis de l’humanité ».

Avec le retrait de Trump, les défenseurs de l’environnement vont pouvoir dire adieu à l’objectif des 2 degrés, l’une des pierres angulaires de l’accord de Paris. « Dire aussi adieu à l’universalité de la COP21 qui était aussi un autre de ses éléments essentiels, analyse le chercheur, et donc ce qui risque de se passer c’est que beaucoup de pays revoient à la baisse leurs engagements ou en tout cas refusent de les revoir à la hausse, car les Etats-Unis sont hors-jeu. » Un coup de massue pour l’humanité et les générations futures tant la question environnementale pèse dans la marche du monde et dans les crises qu’il traverse.

L’impact de l’environnement sur la marche du monde

D’ailleurs, l’expression « conflits climatiques » est de plus en plus présente dans le vocabulaire du XXIe siècle. En 2015, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) disait craindre que le changement climatique accroisse les risques de conflits armés. François Gemenne tempère : « L’influence de l’environnement est aujourd’hui croissante sur les facteurs économiques et politiques qui vont notamment déclencher des conflits ».

La guerre en Syrie, les conflits dans la Corne de l’Afrique et tant d’autres drames qui se jouent sur la planète intègrent ainsi des éléments environnementaux, économiques et politiques qui influent tous mutuellement les uns sur les autres. En Syrie en effet, une violente sécheresse a frappé l’Est entre 2006 et 2011 et poussé de nombreux ruraux vers les grandes villes du pays alors que les réfugiés irakiens faisaient exploser le nombre d’habitants. Cette situation aurait attisé les tensions jouant un rôle non négligeable dans la guerre qui éclate en 2011.

Les migrations environnementales

Si la dégradation de l’environnement provoque ou, tout au moins, est un élément à part entière dans des conflits, elle est aussi un facteur majeur de migrations à travers le monde, « et on l’a très longtemps ignoré en pensant que les gens immigraient soit pour des raisons économiques ou politiques, poursuit François Gemenne. Et on voit en fait que la majorité des gens migrent pour des raisons environnementales ». Le nombre de migrants environnementaux est estimé à 26 millions. Un phénomène qui ne peut que s’accentuer dans le futur au fur et à mesure que le changement climatique produira ses effets : catastrophe naturelle, sécheresse, ouragan, etc.

Et si les migrations environnementales sont majoritairement en provenance des pays les moins développés, c’est parce que les facteurs économiques et politiques sont imbriqués à la question climatique. En Afrique par exemple, où la population vit en grande partie de l’agriculture, un dérèglement climatique entraîne des conséquences économiques dramatiques. Il en va de même pour Katrina, l’ouragan qui a frappé la Louisiane en 2005 : seuls les habitants les plus riches ont pu fuir la zone, témoignant du fait que les catastrophes naturelles impactent avant tout les plus défavorisés.

La question environnementale est bel et bien un élément essentiel des relations internationales, voire un enjeu majeur pour l’humanité. Si Donald Trump semble ne pas avoir pris en compte les conséquences de sa décision de se retirer de l’accord de Paris, les quelque 194 autres Etats signataires ont pris la mesure du danger que courrait le monde si la dégradation, globale et locale, de l’environnement se poursuivait. Il en va de l’avenir des générations futures et de la paix dans le monde. En 1972, un rapport signé par le biologiste et agronome René Dubos et l’économiste Barbara Ward, commandé par l’ONU, s’intitulait déjà « Nous n’avons qu’une Terre ».

 

RFI

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