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L’ancien président égyptien Mohamed Morsi enterré au Caire en toute discrétion

Mohamed Morsi est décédé lundi 17 juin à 67 ans, frappé d’une crise cardiaque. Issu de la mouvance des Frères musulmans arrivés au pouvoir après le printemps arabe, il a dirigé le pays en 2012-2013. En prison depuis sa chute, condamné plusieurs fois dont une à la perpétuité, ses conditions de détention sont très critiquées à l’étranger. L’ancien président a été enterré ce mardi matin dans la plus grande discrétion.

Mohamed Morsi a été enterré rapidement et en toute discrétion dans l’est du Caire, en présence de sa famille et avec un déploiement de forces de l’ordre impressionnant.

Les autorités égyptiennes ne veulent surtout pas que l’ancien président puisse devenir un martyr et que le lieu de son enterrement devienne un lieu de pèlerinage pour ses partisans. Ce lundi soir, elles ont déjà refusé à sa famille la possibilité de l’enterrer dans son village.

Conditions de détention

Ses proches dénoncent les conditions dans lesquelles Mohamed Morsi était détenu, affirmant qu’il était malade depuis plusieurs mois sans aucun accès à des soins médicaux. Mais ils ne sont pas les seuls, à l’instar des Frères Musulmans, Mohamad al Qoudoussi, un membre de la Confrérie en exil, accuse les militaires d’être responsables de la mort de Mohamed Morsi sur Youtube : « Les conditions de détentions aujourd’hui en Egypte équivalent au meurtre. »

À l’étranger aussi, des critiques s’élèvent. La nuit dernière, une commission du Parlement britannique a dénoncé des conditions de détention jugées « inhumaines », et notamment le fait qu’il passait 23 heures par jour à l’isolement dans sa cellule. Les organisations humanitaires Human Rights Watch et Amnesty International ont, elles, demandé aux autorités égyptiennes de faire toute la lumière sur une mort qu’elles jugent suspecte.

Parer à toute manifestation

De son côté, le gouvernement a renforcé l’état d’urgence en vigueur depuis plusieurs années dans le pays, pour parer à toute manifestation en faveur de Mohamed Morsi. Des milliers de forces de sécurité ont été déployés ce lundi dans les principales villes, et dans la province du delta du Nil d’où l’ancien président était originaire.

Pour les autorités, il n’est pas question que des Égyptiens puissent se réunir en souvenir du président défunt, sauf à risquer la prison.

Dans la presse égyptienne

Al-Masri Al-Youm est le seul journal égyptien à faire sa Une sur la mort de l’ancien président. Le quotidien titre : « Déces de Mohamed Morsi durant son procès pour espionnage. Le parquet autorise l’enterrement et saisit les vidéos des caméras du tribunal. » Les autres journaux ne donnent l’information qu’en page 2 ou 3, voire dans un simple entrefilet. Aucun ne rappelle que Mohamed Morsi a été chef de l’État.

Il faut en fait se tourner vers des journaux panarabes comme Al-Quds al-Arabi pour avoir plus de détails. « Morsi a été enterré à l’aube au Caire », indique le journal en manchette, qui note « une absence totale de ses partisans ».

 

Par RFI

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