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L’ANAFIC est-elle devenue une source d’enrichissement illicite et de propagande électorale en Guinée ?

Créée le 24 novembre 2017 par un décret du président guinéen Alpha Condé l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Locales (ANAFIC), est un établissement à caractère  public  et administratif (EPA), qui a pour vocation la mobilisation et la gestion du Fonds National de Développement Local (FNDL), à travers la Loi N° 2016/001/AN du 18 Janvier 2016 portant Loi de Finances initiale pour l’année 2016, et de Agence Nationale de Financement des Collectivités Locales (ANAFIC) à travers le décret numéro D/2017/298/PRG/SGG.

Ces sources de mobilisations  des fonds sont  les ressources internes à travers les 15% des recettes minières conformément à l’article 165 du code minier   et externes via les partenaires bi-multilatéraux comme la contribution du 10ème FED de l’Union européenne et tant d’autres. Une manière de favoriser le financement  des projets d’investissements des collectivités locales ou de coopération inter-collectivités qui sont éligibles au FNDL et assurer leur accompagnement technique. Elle  est également chargée de collecter en faveur des collectivités locales, les dotations budgétaires sectorielles affectées aux compétences transférées et veiller à leur inscription effective au FNDL.

Bref, les deux entités étatiques (l’ANAFIC et le FNDL) sont  devenues désormais   les principaux instruments de financement de la décentralisation et du développement local. Ils permettront d’opérationnaliser sur les territoires des collectivités locales, les politiques publiques nationales notamment en matière d’éducation, de santé, d’hydraulique, de gestion des ressources naturelles, de développement rural et d’aménagement du territoire. L’impact majeur attendu à travers ces instruments est l’amélioration de l’économie locale et l’augmentation du niveau d’accès aux services publics locaux sur tout le territoire.

L’Agence Nationale de Financement des Collectivités Locales est dirigée par une direction générale  et un conseil d’administration dont la présidente est l’ancienne ministre de l’Environnement des Eaux et Forêts (2016 et début 2017), Madame  Christine Sagno.

Le flou dans le décaissement des fonds et la mise à disposition dans les collectivités

Deux ans après sa création, des fonds n’avaient pas été débloqués. Les débats étaient orientés sur l’alimentation et la mise en place des structures d’antenne dans les collectivités qui vont servir de la réception des mannes financières. Selon nos informations plusieurs responsables locaux qui pilotent la gestion des magots seraient concoctés par des dignitaires du régime de Conakry. Une façon de mettre main sur les  sous.

Après cette phase, des centaines de milliards ont été débloqués au début d’année 2019 et engloutis dans les différentes localités pour dit-on financer des projets de développement. Avec à la tête de la pose des premières pierres des infrastructures,  des ministres déployés sur toute l’étendue du territoire comme des parrains. Mais, le paradoxe est qu’on constate beaucoup plus de fonds orientés dans des régions acquises à la cause du régime (N’Zérékoré, Kindia, Faranah  et Kankan) que d’autres qui sont réputées être des fiefs de l’opposition (Mamou et Labé).

Et pourtant, le principe de l’ANAFIC voudrait que les collectivités qui ne disposent pas de projets miniers en phase de développement puissent bénéficier beaucoup plus de fonds que celles  qui ont d’autres sources de revenus ou de financements de leurs projets de développement à savoir la contribution au développement local que les compagnies minières payent conformément à l’article 130 du code minier soit 1% de leur chiffre d’affaire pour la catégorie de l’Or  et  0,5% pour autres  substances. En plus, la taxe superficiaire stipulée dans l’article 160 du code minier et tant d’avantages que ces collectivités minières bénéficient.

Autre  zone d’ombre dans cette affaire, c’est le timing de la mise en application de cette disposition et la rapidité de la sortie des fonds. La gouvernance actuelle étant à la quête d’un soutien de taille pour l’adoption d’une  nouvelle constitution était en carence d’argument ou de bilan a finalement  trouvé ce moyen pour amadouer l’opinion dans leur projet anticonstitutionnel. D’après des sources proches du dossier, l’argent est décaissé pour faire croire aux communautés que le pouvoir se  souci du développement de leurs zones, une manière de les  persuader  à adhérer  au projet de tripatouillage de la constitution en vue de favoriser à Alpha Condé la présidence à vie.

Les fonds sont ventilés sans pour autant faire des études sur la nécessité de la réalisation de tel ouvrage  encore moins de l’analyse des spécialistes sur les impacts des  infrastructures selon les sites.

Depuis le début de décaissement des fonds, des centaines millions ont été détourné, comme le cas de la préfecture de Siguiri,  plus de trois cent millions sont désorientés de sa destination. A en croire nos sources, la passation des marchés aussi est de gré à gré.

Ce Samedi 3 août 2019,  la présidente du conseil d’administration de l’ANAFIC s’est  vantée  à Conakry  des sommes faramineuses qui sont virées dans  les régions administratives.

A l’entame elle avoue que parmi les sommes gigantesques décaissées et acheminées dans les mairies, la plus  petite est d’ordre  1 milliard 350 millions GNF.

Et que ces fonds ont servi d’investissements colossaux dans les collectivités. Elle dépeint comme suit le dispatching des montants :

La région administrative de Kindia qui regorge la compagnie des bauxites de Kindia (CBK), la compagnie des bauxites de Guinée (CBG)  dans la partie Télimélé, Ashapura, société minière de Guinée (SMG), empoche : 72 milliards 317 millions 487 milles 548 GNF.

Comme exemple  de préfecture dans cette région : Télimélé qui est impactée par les projets miniers se console avec : 18 milliards 980 millions 619 mille 938 GNF, une bagatelle qui va servir à la réalisation de 33 infrastructures.

La région administrative de Boké, qui dispose les plus grandes sociétés extractives en Guinée avec environ 16 entreprises, comme CBG, GAC, SMB, COBAD, China power investiment et tant d’autres,   se retrouve au total avec :  55 milliards 960 millions 950 mille 284 GNF.

Pour illustration la préfecture de  Boffa : 11 milliards 721 millions 992 mille 643 GNF, pour  la réalisation de 23 infrastructures.

Pour ce qui est de la région administrative de Mamou, qui pour l’instant selon nos informations ne fait pas  l’objet de convoitise par des projets miniers, pour des raisons de gisements qui ne sont pas  encore avérés. Dépourvue de source de revenus miniers, elle essuie ses larmes avec : 48 milliards 794 millions 565 mille 948 GNF.

Parmi les localités de la zone,  la préfecture de Pita, d’où vient le ministre de la Jeunesse Mouctar Diallo, qui est d’ailleurs le parrain de la collectivité s’est adjugée : 16 milliards 869 millions 165 mille 106 GNF, avec pour objectif la réalisation de  31 infrastructures.

La région administrative de Labé, riche en ardoise et en bauxite, mais qui ne sont  pas encore exploitées bénéficie de : 70 milliards 383 millions 033 mille 575 GNF.

En guise d’exemple la  préfecture de Mali : 18 milliards 037 millions 860 mille 827 GNF, pour la réalisation de 30 infrastructures.

La région administrative de Faranah, riche en fer, bauxite  et en or avec quelques entreprises minières en activités comme la société minière de Dinguiraye (SMD) et autres s’enferme avec : 58 milliards 483 millions 824 mille 845 GNF.

Dans le montant perçu, la  préfecture de  Dabola s’est retrouvée avec : 12 milliards 173 millions 127 mille 059 GNF, pour la matérialisation  de 21 infrastructures.

La région administrative de Kankan, zone par excellence dans l’exploitation de l’Or s’abime avec : 92 milliards 353 millions 915 mille 286 GNF.

Comme exemple de localité, la  préfecture de Siguiri origine du ministre des mines et de la géologie Abdoulaye Magassouba parrain de la zone où exploitent la SAG et la SMD s’affirme avec : 24 milliards 869 millions 736 mille 344 GNF, avec pour ambition la réalisation de  35 infrastructures.

Et enfin, la région administrative de Nzérékoré, riche aussi en fer, comme le Simandou, le Mont Nimba, ressources forestières avec la société chinoise forêt forte et d’autres minerais,  rafle le plus gros montant: 93 milliards 630 millions 422 mille 478 GNF.

A la clé la  préfecture de  Macenta sourie avec : 19 milliards 877 millions 748 mille 980 GNF, comme cap la réalisation aussi de 37 infrastructures.

Il faut noter que le décaissement des fonds est orchestré sur la base du maquillage des projets sur papiers. Reste à savoir, si toutes ces infrastructures vont être réalisées  dans les règles de l’art. En tout cas,  selon des informateurs, ces mannes financières constituent un levier de boucle pour  le slogan de la campagne électorale en vue.

Affaire à suivre……….

 

Mamadou Diallo pour afriquevision.info

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