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La Guinée est comme un moteur complètement foutu

Un gouvernement est censé mettre en œuvre la vision d’un président. Et si celui-ci n’a qu’un agenda personnel au détriment des intérêts de la République ?

En réalité, la Guinée ne souffre pas d’un problème de gouvernement, mais d’une crise de leadership, de vision et surtout de système de gouvernance. Sinon, il est évident que de par notre histoire, il y a eu des cadres dont les compétences ont été confirmées ailleurs mais qui ont pourtant échoué dans notre pays.

Tout le diagnostic en débat semble être ramené sur les personnes alors que celles-ci ne sont que des éléments d’un système obsolète qui n’a d’ailleurs été construit que pour faire échouer les compétents et promouvoir les opportunistes. Et cela a été intégré dans la mentalité collective comme étant une situation normale à laquelle il faut s’adapter ou disparaître.

Étant donné que l’expression d’un talent dépend de la qualité de l’environnement dans lequel il évolue, changer de gouvernement en maintenant le même système ne produira alors aucun effet positif sur le développement du pays.

Dans notre cas particulier, c’est le système de gouvernance qui a échoué et détruit éventuellement tout ce qu’on y met. En illustration simple, la Guinée est comme un moteur complètement foutu qu’on espère faire redémarrer qu’avec du lubrifiant de qualité.

Et pour résoudre un tel problème, il y a deux options possibles : le recyclage des pièces, c’est ce que nous avons toujours fait tout en sachant que cela ne garantit qu’un report des pannes (les crises) ou le constat de l’évidence qui nous amènera à concevoir un autre moteur (système) plus adapté à nos spécificités et nos moyens. Cette seconde option peut nous permettre non seulement de réussir un nouveau départ sur des bases plus solides, mais aussi elle aura l’avantage de garantir la solidité des pièces (les institutions) et l’efficacité du lubrifiant (les ressources humaines).

C’est pourquoi, toute agitation sur un projet de ‘’nouveau gouvernement’’ ne sera que la préparation d’une  autre déception car les nominations sont plus convoitées pour les privilèges qu’elles accordent que pour la responsabilité qu’elles supposent. Mais comme très souvent chez nous, l’apparence suffit pour espérer. Sinon, nous avons besoin d’une véritable remise en question de notre mode de fonctionnement et de profondes réformes structurelles au lieu d’un maquillage qui cache nos réalités.

Enfin, la souffrance et le désespoir caractérisent tellement le quotidien de nos compatriotes, qu’ils ont envie de faire de chaque circonstance un espoir pour se consoler psychologiquement de la pauvreté chronique.

 

Aliou BAH

Homme politique

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