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Impacts des projets miniers à Boffa en Guinée : Les craintes des communautés touchées

La préfecture de Boffa se situe à 150 Km de la capitale Conakry. Avec une commune urbaine qui s’étend sur une superficie de 6003 km², Boffa compte une population de 211 063 habitants, selon le recensement général de la population, de l’Institut national de la statistique de 2018.
Boffa qui se trouve sur les côtes de l’océan atlantique est traversée par le fleuve Fatala. Elle est composée de sept (7) sous-préfectures dont: Koba, Lisso, Mankountan, Tougnifily, Doupourou, Tamita et Boffa Centre.
Au Nord, la préfecture de Boffa est limitée par les préfectures de Boké et Téléméle, à l’Est par la préfecture de Fria, au Sud par la préfecture de Dubreka et à l’Ouest par l’Océan atlantique.
Depuis quelques années, cette localité riche en ressources naturelles notamment la bauxite, connait un boom minier sans précédent. Le nombre d’entreprises s’est accru. Dans la préfecture de Boffa, 11 sociétés minières détiennent des permis de recherche et d’exploitation. Quatre entreprises se sont déjà implantées dans cinq communes rurales dont: Bel Air Mining à Doupourou et Tougnifily, qui a commencé sa production depuis 2018, Chalco est en phase de construction de son site d’exploitation à Tamita, China State Power Corporation (SPIC) (ex-CPI) à Doupourou et Coliah, et Eurasian Resources a un corridor de transport de minerai à Lisso et Tamita, dont son quai minéralier se trouve à Tamita (Kokayah).
La présence de ces sociétés peut avoir des impacts importants sur le développement socio-économique de la localité, mais pas que. Même si des profits peuvent être tirés par les sociétés, les politiques publiques et certains membres de la communauté, plusieurs citoyens interrogés par Action Mines Guinée ont exprimé leur crainte par rapport à leur bien-être sur le plan sanitaire, environnemental, de leurs espaces agricoles et pour le futur de leurs enfants.
Mohamed Soumah, citoyen du district de Soumboyadi (localité où Eurasien ressources exploite de la bauxite) déclare : « notre crainte nous, c’est comment faire vivre nos familles vu que nous n’avons plus d’endroits où travailler. Nous nous demandons surtout comment se maintenir dans ce village avec l’allure des activités minières ».
Sa crainte est partagée par Alhassane Soumah, animateur de la jeunesse de Koundindé (sous-préfecture de Doupourou où intervient la société Bel Air Mining).
« Nous avons déjà perdu une montagne ici et nos pleines agricoles. Entre le village et le port, il y a pratiquement 5 Km. Ils ont pris toute la route. Il y a des endroits où nous pouvons aller travailler mais le problème c’est comment y accéder et comment transporter nos récoltes. Donc nous avons cette souffrance-là ici. L’autre problème c’est du fait que la société n’a effectué aucun reboisement alors que c’était prévu ».
Un autre paysan, et habitant de Soumbouyadi, Ibrahima Sory Bangoura, la cinquantaine tire la sonnette d’alarme sur un fait.
«Ce qu’il faut dire c’est que la société veut qu’on quitte ici. Et là elle est en train de récupérer tout ce qui a permis à cette communauté de rester en vie jusque-là. Notamment les baffons et tout autre lieu qu’on peut se servir pour les cultures. Donc, c’est dire que l’avenir même de la communauté tout entière est compromis. Sur ce, nous sommes prêts à nous battre corps et âme pour sauver cette communauté. D’ailleurs, nous ne pouvons pas aller vivre ailleurs. C’est ici que nous connaissons et c’est ici que nos aïeux nous ont laissé. Ce qui est sûr, si nos demandes ne sont pas traitées aujourd’hui, même nos enfants qui viendront demain ne vont pas leur faciliter la tâche. Car, nous écrierons dans les annales et nous lirons cela ».
Onze sociétés minières annoncées dans une préfecture comme Boffa. Dans le futur, ne peut-on pas craindre des conséquences environnementales ?
La réponse du directeur préfectoral de l’agriculture de Boffa est sans appel. « Oui, ça va arriver, parce que les gens n’arrivent pas à se comprendre. Regardez aujourd’hui le nombre des ports. Chacune d’elle veut construire son port. En principe, pas qu’une construction que nous organisons. Mais avec le bon partenariat de collaboration, au moins un port pouvait arranger ces gens. Chacun a un domaine bien déterminé. Au port de Conakry, il y combien de bateaux qui accostent ? Mais si chacune des sociétés veut construire son port, où nous allons ? On va prendre tout le littoral. Et il faut mesurer les impacts environnementaux de tout ça dans les jours à venir », plaide-t-il.

Par Mamadou Aliou Diallo in impactafrique.com

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