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Guinée : Ratoma doit divorcer avec les manifestations politiques

L’histoire a prouvé que toutes les oppositions des régimes qui se sont succédé en Guinée ont eu comme base arrière la commune de Ratoma. Cette commune a été toujours un symbole de lutte pour les opposants en quête du pouvoir.

Même le président actuel s’est adossé à un moment donné sur cette commune pour faire trembler les régimes militaires du Général Conté et de Moussa Dadis Camara. La preuve en est que le premier siège de son parti se trouve dans l’une des zones plus chaudes pendant les manifestations politiques (Hamdallaye).

Les habitants de cette commune gardent encore les souvenirs tragiques des événements de 2007 et 2009 qui ont coûté la vie de plusieurs guinéens. Dans une récente douloureuse période, l’on se souvient encore des victimes des manifestations politiques de ces dix dernières années en grande majorité habitants de cette même commune.

Ceci dit, depuis la création du multipartisme, c’est cette commune qui fait vivre une opposition en Guinée.

Cependant, à un moment donné, il est important de regarder dans les rétroviseurs et tirer des leçons. C’est pourquoi, il est important de faire remarquer aux habitants de l’axe qu’ils sont les seuls qui revendiquent, les seuls qui sont victimes et les seuls qui sont abandonnés par les politiques de tous bords.

La jeunesse de Ratoma est la seule qui répond aux appels à manifester des syndicats, de la société civile et des politiques. Et généralement, elle est toujours réprimée dans le sang pendant ces revendications qui ne les profitent en rien. La plupart des leaders qui appellent à manifester habitent dans d’autres communes.

Pourquoi sont-ils incapables de mobiliser dans leurs zones d’habitations ? Pourquoi s’appuient-ils toujours sur la jeunesse de l’axe ? Nous devons trouver la réponse à toutes ces questions pour pouvoir changer de stratégie.

Revenons sur le cas qui fait l’actualité. Le FNDC a annoncé sur tous ses canaux de communication, que la lutte contre la nouvelle constitution sera un mouvement d’ensemble. Fort malheureusement, seule la commune de Ratoma comme toutes les fois, a manifesté dans la capitale de façon remarquable.

Nous connaissons tous aujourd’hui les conséquences de ces manifestations qui n’ont pas empêché le pouvoir de Conakry de tenir le double scrutin en changeant la constitution. Et en majeure partie des leaders politiques qui ont animé les débats dans ce Front, affûtent leurs armes pour la présidentielle du 18 octobre 2020 sans aucune garantie de transparence électorale. Ils sont prêts à aller dans combat perdu d’avance.

C’est pourquoi, il est important d’appeler les habitants de Ratoma au calme et attendre que les autres  communes se bougent.

C’est vrai que Ratoma est toujours victime. Mais, reconnaissons aussi que c’est Ratoma seulement qui manifeste. Les manifestations dans les autres communes sont très minimes. Je ne suis pas en train de justifier la barbarie de ceux qui tuent sur l’axe, mais il va falloir qu’on change de stratégie.

Habitants de Ratoma, nous ne sommes pas les seuls guinéens, victimes de la mal gouvernance. Nous pouvons accepter ce que les habitants des autres localités ont accepté. Refusons la manipulation, car, de toutes les révolutions qu’on a pilotées, aucune n’a été en notre faveur.

N’acceptons pas de semer la violence et de se faire tuer car, ce sont les vivants qui bénéficieront de notre labeur. Les bols qui ont servi à la construction de la maison, ne sont jamais utilisés pour l’embellir. Ils sont toujours jetés aux oubliettes.

 

Alpha Bacar Sank Diallo

 

Citoyen

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