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Guinée : nous sommes en guerre

Corruption, injustice, impunité, détournement, mal gouvernance, violation des libertés publiques, de presse et d’opinion, extrême pauvreté, chômage endémique, salubrité, manque d’infrastructures sociales de base (eau, électricité, route, santé..), destruction de l’environnent, affaiblissement des institutions républicaines, administration incompétente, sabotage du secteur de l’éducation, ethno-stratégie, coup d’Etat constitutionnel en préparation, mascarade électorale , manque de leadership voici entre autres des maux qui gangrènent notre République et contre lesquels nous sommes en guerre.

Contre la mal gouvernance

Après 9 ans, en moins de 10 mois de la fin, les deux mandats d’Alpha Condé ont été caractérisés par une mal gouvernance qui a enfoncé notre économie dans une paupérisation sans précédent. Le vol, les détournements, la corruption à grande échelle, le dysfonctionnement et la déstructuration de l’administration n’ont pas permis à notre pays de décoller. Ceux-ci nous ont maintenus dans une pauvreté et misère que les guinéens découvrent tous les matins. La cherté de la vie, le panier de la ménagère, la baisse du pouvoir d’achat, l’abandon de l’Etat sont entre autres les conséquences d’une mal gouvernance contre laquelle nous devons rentrer en guère. Pendant toute cette gouvernance, les taxes et recettes, des mines et des régies ont plutôt servies à des intérêts égoïstes qu’à être consacrées au développement socio-économique du pays. L’impunité qui a caractérisée le système n’a fait qu’encourager les séries de scandales financiers qui ont été démasquées, mais sans inquiéter sérieusement les véritables accusés. L’Etat pendant ces 9 ans a brillé par son inexistence, son incompétence, son manque d’anticipation, son indifférence face aux problèmes des Guinéens et son incapacité à apporter des solutions pratiques aux demandes des populations. Tout ce que Sidya Touré a qualifié « d’Etat Néant » !

Contre le coup d’état constitutionnel

Nous sommes en guerre contre le 3ème mandat d’Alpha Condé. En 2020, il faut une alternance crédible. A 82 ans, Alpha Condé n’incarne plus l’avenir de la Guinée. Pour se donner un mandat de plus, Alpha Condé et ses sbires ne manquent pas d’imagination. De 3ème mandat, on est passé à nouvelle constitution, à consultation et à présent au referendum et législatives piégées. Apres que les populations sur toute l’étendue du territoire se soient montrées hostiles à l’idée du 3ème mandat, les législatives deviennent le nouvel instrument mis en branle, en complicité avec Me Salifou Kebe, répondant aux injonctions d’Alpha Condé.

Aujourd’hui, la nouvelle stratégie d’Alpha Condé est de procéder au couplage des élections : les législatives et le referendum. Une manière pour lui de ne pas prendre le moindre risque dans le but d’atteindre son objectif. C’est pourquoi, depuis des mois, une Ceni parallèle travaille à la villa 33 sous le contrôle du Président de la République. Les machines et logiciels commandés sans attendre l’appel d’offres, avec des ingénieurs venus de l’étranger, préparent des résultats qui seront lancés à la figure des populations après les élections. Toute chose qui amène le Président de la CENI à bâcler le délai de révision du fichier électoral qui regorge 1574388 fictifs et 3 051 773 de gens non dédoublonnés. Et c’est pourquoi, sans gène  il donne une date fantaisiste sans se soucier des conséquences désastreuses que cela peut entrainer.

Ainsi, nous sommes en guerre contre tous ceux qui tentent de donner à Alpha Condé un 3eme mandat par : le referendum, la consultation et les législatives instrumentalisées. #Amoulanfé

Contre le manque d’infrastructures sociales de base

En 9 ans, au lieu de bénéficier de nouvelles infrastructures, ce sont celles existantes depuis l’indépendance qui sont en train de se dégrader. Rien n’a été fait sous Alpha condé pour améliorer sérieusement les infrastructures sociales de base dans notre pays. Quand vous prenez les routes, c’est la plaie béante de ce regime, après un investissement de 2 milliards de Dollars dans ce secteur. Mais, 2 milliards US pour combien de Km de routes bitumées ?

Aujourd’hui, pour se rendre dans des villes de l’intérieur, c’est la croix et la bannière. Entre Conakry-Kindia qui vaut 135 km, il faut 7 h, Conakry- Forécariah- à 100 km, c’est le calvaire. Pour rejoindre la guinée profonde, c’est la malédiction de Sisyphe. A tel point que des Ministres de la république pour se rendre dans certaines villes de la Guinée, sorte de la Guinée, vont dans un autre pays, pour revenir en Guinée. C’est le cas de Siguiri, l’exemple vivant de l’échec de la gouvernance Alpha Condé.

Pendant 9 ans, un seul hôpital (CHU), je dis bien un seul n’a pas été construit sous Alpha Condé, cela ne reste que par région pour améliorer le problème sanitaire des Guinéens. Pendant 9 ans, une seule Université avec campus, n’est pas sortie du sol pour améliorer le niveau de l’enseignement supérieur dans notre pays. En 9 ans, un seul échangeur n’a pas été construit pour désengorger la circulation dans la capitale Conakry. En 9 ans, même pas 10 logements sociaux pour les fonctionnaires qui ont un salaire de misère. En 9 ans, pas une seule ville où vous avez le courant 24h/24 toute l’année ou l’eau 24 / 24H. Le problème d’infrastructures sociales de base est d’une acuité en Guinée. Nous avons perdu sous Alpha condé, dix ans pour Rien !

Contre les violations des libertés

Nous avons assisté ces derniers temps aux acharnements d’un régime aux abois et en fin de règne, contre des journalistes et hommes politiques. Traumatisé par l’attentisme d’un peuple devenu de plus en plus regardant et qui n’hésitera pas à demander un bilan en fin de mandat, le pouvoir d’Alpha Condé se « Mugabalise » et veut faire taire. Pour empêcher d’attirer l’attention des populations sur ces 10 ans d’échecs patents, 10 ans de perdu pour la Guinée et les guinéens, en terme d’amélioration de condition de vie, il essaye de museler les libertés publiques et d’expression… Alors que ces libertés sont garanties par la constitution, nous rentrerons en guerre contre toute volonté de les confisquer.

Contre la destruction de notre environnement

On se demande aujourd’hui, si nos terres, notre littoral, nos montagnes, nos fleuves, nos forêts nous appartiennent vraiment ? Quand on voit le rythme avec lequel nos richesses de sol et sous-sol sont surexploitées, la rapidité avec laquelle le gouvernement est en train de les brader, cela ne reste pas sans conséquence sur notre environnement. Le gouvernement s’est fixé un objectif de 100 millions de tonnes de Bauxite exporter l’an. Ce qui va bientôt nous placer au premier rang des pays exportateurs de bauxite. Alors que rien n’est fait pour restaurer notre environnement.

Dans les zones de Boké, Boffa, l’exploitation sauvage des mines va laisser des trous béants de la taille d’un stade de football. Et Rien que les poussières dégagées par des Camions des seigneurs du pouvoir assis à Conakry, ont fini par détruire la forêt, dégrader l’environnement, détruire toute culture, tarir les rivières et marigots, bref affecter et perturber dangereusement écosystème de ces régions. Tout cela ce fait au détriment des populations riveraines qui n’en bénéficient en rien et du pays, parce que les taxes minières ne se retrouvent pas dans le Budget de l’Etat, mais plutôt dans des poches des particuliers. Ainsi, la pauvreté s’installe et nous perdons notre environnement. C’est le même désastre qui guette Simandou (Kérouané) et le Mont Nimba sous le magistère d’Alpha Condé.

Contre une capitale à ordure

Après 9 ans de gestion du pays, Conakry bat le record de la capitale la plus sale de la sous-région. Les ordures font la loi dans la capitale nuit et jour. Les autorités sont complètement absentes dans le ramassage et la volonté de rendre la ville propre. Les populations sont exposées à toutes sortes de maladies ou d’épidémies. Cette saleté de la ville de Conakry n’a pas laissé indiffèrent le Cardinal Robert Sara lors d’un de ses séjours au pays. « Notre pays est sale » avait t-il fait remarquer.

Le niveau des ordures aujourd’hui à Conakry, le long des routes, dans des marchés, dans des quartiers, met à nu l’incompétence et de la médiocrité d’un gouvernement qui depuis 9 ans est incapable de rendre une capitale de moins de 2 millions d’habitants propre. Alors que chaque année, des millions de dollars sont déboursés pour des campagnes d’assainissement qui sont annoncées avec tambour et trompette. La dernière, c’est la bagatelle de 100 millions de dollars qui été affectée à cela, sans parler des programmes d’assainissement perturbant les circulations des citoyens les derniers samedis de chaque mois. Conakry est sale à tel point que les ordures tuent et font des dégâts importants. Ce gouvernement n’y peut rien parce que l’argent de l’assainissement va ailleurs, nous sommes en guerre contre cela.

La pauvreté et le chômage des jeunes

Malgré toutes des recettes tirées des mines, une croissance économique annoncée à 7 %, cette croissance n’est pas inclusive, elle est virtuelle, montée de toute pièce, voir même appauvrissante. La preuve, les jeunes Guinéens dans la quasi-totalité sont au chômage, sont sans espoir et sont prêts à se jeter dans la méditerranée pour rejoindre l’occident. Pour preuve, la Guinée est le deuxième pays demandeur d’Asile au monde derrière l’Afghanistan. Pourquoi la Guinée se placerait à un tel rang, si les conditions étaient favorables ? C’est l’expression d’un malaise dû à la pauvreté, la misère et au chômage et au d’désespoir.

Si Alpha Condé a placé son mandat sous le signe de la jeunesse, pendant ses 9 ans, cette jeunesse a été oubliée et abandonnée à elle-même. Alors même n’étant pas en guerre, nos jeunes sont les premiers en Afrique à prendre la route du désert pour se noyer dans la mer. C’est inacceptable !

 

Ahmed Tidiane Sylla

ahmedtidianes@gmail.com

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