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Guinée. La CENI va-t-elle organiser une nouvelle mascarade électorale ?

Selon un analyste politique guinéen, “à la moindre occasion, la Céni va bel et bien organiser une nouvelle mascarade électorale. La prochaine élection présidentielle risque d’être pire que toutes les élections organisées par le régime d’Alpha Condé”.

Depuis début juin, la Céni a commencé les préparatifs de la prochaine élection présidentielle. Elle est parvenue à faire oublier à la classe politique et des organisations engagées au sein du Front national pour la défense de la Constitution (Fndc) qu’elle avait organisé le 22 mars des élections incroyables. Des partis politiques, notamment l’Ufdg, semblent même être plus engagés dans la bataille pour l’installation des conseils de quartiers et de districts que pour la préparation de la prochaine élection présidentielle.

Pour un commentateur politique “l’Ufdg et ses partenaires, notamment l’Ufr de Sidya Touré, le BL de Faya Millimono, le Pades d’Ousmane Kaba ou encore le Pedn de Lansana Kouyaté consacrent plus de temps à discourir sur l’illégalité de l’Assemblée nationale, de la Constitution du 22 mars que de voir comment forcer le gouvernement à organiser le dialogue préalable nécessaire pour la tenue d’élections apaisées, inclusives et démocratiques“.

Plan de match établi par la Présidence

Marie Madeleine Dioubaté, candidate à l’élection présidentielle de 2015, invitée dans l’émission Œil de lynx, a dit qu’elle ne “va participer à des élections dont on connait à l’avance les résultats (…). Après avoir souligné que “le fichier électoral, contrôle la CENI, le ministère de l’intérieur, la Cour constitutionnelle, la Cour suprême” sont contrôlés par le président Alpha Condé et ses partisans, elle estime participer “à des élections présidentielles, c’est simplement pour les accompagner. Parce que même si le président Alpha Condé ne se présente pas, s’il présente un candidat du RPG, c’est lui qui va gagner les élections“.

Pour elle, si Alpha Condé n’est pas candidat, c’est celui qu’il va soutenir que la Céni va faire gagner.

Pour elle, c’est la raison pour laquelle elle ne va pas “pas participer à l’élection présidentielle compte tenu du contexte. Parce qu’aujourd’hui, il y a eu des multiples violations de la constitution par Alpha Condé. C’est la défaillance de nos institutions qui ont permis le maintien du président, sinon depuis longtemps on aurait dû le destituer”

La Céni ne doit pas proposer une date sans consulter les acteurs

Pour Jacques Gbonimy, ancien Commissaire de la Céni, qui dirige l’Upg fondée par Jean-Marie Doré, décédé le 29 janvier 2016, “la Ceni a avancé une date sans qu’elle ne soit prête. Depuis l’annonce de la date, on ne voit rien sur le terrain. C’est vrai que c’est une proposition de date à la suite de laquelle on va peut-être avancer un chronogramme, mais nous pensons qu’il n’est pas bon de proposer une date sans concertation préalable avec les partis politiques et même les acteurs de la société civile impliqués dans l’organisation des élections“.

Pour Jacques Gbomini, la Céni a avancé une date alors qu’elle n’est pas prête.

Après avoir fait remarquer qu’aujourd’hui “nous avons, au-delà des préalables, besoin d’un dialogue sincère pour aller à la présidentielle“, il souligne qu’on “ne peut pas aller aux élections avec un fichier malpropre comme celui qui a géré les élections du 22 mars où on a pénalisé plus de 2.400.000 électeurs“.

Pour sa part, le leader de l’Ufdg souligne que lui et ses partisans du Fndc ne veulent que des élections inclusives et transparentes en Guinée, que le pouvoir en place n’est pas prêt à organiser. Pour Cellou Dalein Diallo, “nous pouvons être adversaires politiques, mais face à un gouvernement violent qui ne respecte ni la constitution, ni le calendrier électoral, ni les lois de la République et qui se livre éhontément et impunément à la prédation des ressources publiques, on a décidé d’unir nos forces pour dénoncer la mauvaise gouvernance et exiger que les conditions d’une compétition saine soient réunies (…). Pour atteindre ces objectifs, le premier choix, c’est le dialogue. Lorsque ce recours échoue, on fait appel aux partenaires techniques et financiers pour leur demander d’user de leur influence afin de d’obtenir des changements, bien sûr conformément à la loi. Ensuite, nous usons de notre droit constitutionnel pour organiser des manifestations de rue et sur les places publiques“.

Et un commentateur de se “demander au Fndc et particulièrement à Cellou Dalein la raison pour laquelle, ils ne vont pas concentrer leurs efforts à l’organisation du dialogue. Il dit lui-même que le premier choix c’est le dialogue. Les gens savent qu’il a été toujours disposé à dialoguer. Qu’il force la tenue de ce dialogue et la Communauté internationale, la Cedeao en premier, va l’appuyer dans ce sens. Cette ambivalente Cedeao ne pas suggérer le dialogue au Mali voisin et laisser pourrir la situation en Guinée. C’est au dialogue que tout va se jouer“.

Plus de deux tiers des guinéens soutiennent le Fndc. Mais les forces militaires et policières et la Justice sont manipulées par Alpha Condé.

Pour ce commentateur, “la position du Pades de Dr. Ousmane Kaba n’est pas une capitulation. C’est une bonne stratégie car marcher pour marcher avec toutes les conséquences habituelles de tuerie, des blessures, des arrestations et de destructions, n’est pas une bonne chose“. Le président du Pades, Ousmane Kaba, estime que le Fndc est “entre le marteau et l’enclume. D’un côté, il faut que nous continuions à manifester notre opposition à un troisième mandat qui n’est pas une bonne chose pour la Guinée. De l’autre côté, en tant que parents et responsables politiques, nous sommes aussi soucieux de la bonne santé de notre population’’.

Selon un analyste politique, “la Guinée est bloquée par la gestion politicienne d’Alpha Condé. Il a gagné contre tout le monde politique sauf contre l’Ufdg. Et si la direction ne va dans le sens du dialogue, comme son président dit que c’est la première piste de solution, elle risquerait de se retrouver dans le piège d’Alpha Condé : les affrontements qui feront des victimes. Et avec certains extrémistes du pouvoir, qui pourraient prendre le risque de décapiter la direction du Fndc, on ne parlerait plus d’alternance mais de continuité de la dictature“.

Pour l’heure, tout indique que la Céni est en train d’organiser une nouvelle mascarade électorale. Cellou Dalein, Sidya Touré, Abdourahmane Sano, Faya Millimono, Ousmane Kaba et compagnons sont avertis.

Khady THIAM in guinafnews.info

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