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Guinée : dignes et héroïques prisonniers politiques !

Tribune. Au lendemain du véritable révélateur processus électoral qui consacra le rejet de Condé Alpha par le peuple à travers les urnes, la chasse aux sorcières déjà enclenchée depuis notre opposition au changement constitutionnel du 22 mars 2020 s’intensifia.

Le régime d’Alpha appuya sur l’accélérateur pour tuer, emprisonner ou faire exiler toutes les voix qui ne chantent pas la musique non mélodieuse de la dictature. C’est-à-dire : le maintien en dehors de toute légitimité d’un régime liberticide, brigand, sanguinaire et corrompu.

Le peuple se voit aujourd’hui dépossédé de tous ses braves et combattants fils qui luttent pour la démocratie et la justice sociale en Guinée par un système dont le fonctionnement repose sur la terreur et/ ou le terrorisme d’Etat. Il faut appauvrir. Il faut troubler. Il faut emprisonner. Il faut surtout tuer.

Le bilan continue de s’alourdir. Si hier, ce sont les policiers et gendarmes qu’on accusait de tirer sur le peuple, aujourd’hui c’est en prison qu’on s’occupe de nous avec des méthodes de torture et autres qui datent du précambrien. Tous les moyens sont bons sous Alpha Condé.

Et face à cela, personne, aucun homme de calibre ou femme ne lève le doigt pour dire : « Ecoutez, trop c’est trop ».

Nous avons nos héros, ceux auxquels le peuple se reconnaît et doit continuer de se reconnaître en prison pour les plus chanceux encore et sous la tombe pour les moins chanceux. Mes larmes et mes prières vont à Roger Bamba qui repose dans son village natal. À Elhadj Sow et à tous les morts en prison ou autres prisonniers évacués pour aller mourir chez eux. Une autre tactique du régime.

Croupissent encore dans les geôles de Condé plus de trois cents (300) prisonniers politiques dont entre autres le digne Cherif Bah qui refuse la liberté individuelle au profit de la prison collective. Qu’il reçoive ainsi la gratitude du peuple épris de démocratie et de liberté. Il nous manque avec son sens de la répartie quand il parle avec le petit sourire du coin de la bouche.

Un Abdoulaye Bah de Kindia aux mots très appuyés dans le discours avec son bilan très flatteur à la tête de la mairie de Kindia. Kindia Ville propre. Un Cellou Baldé de Labé très souvent enthousiaste et élégant avec des pas de danse marqueurs galvanisant sa troupe dans la ville de Labé. Un véritable fils du terroir.

Un Ousmane Gaoual dont le verbe fait peur et le courage magnanimement souligné par ceux qui le connaissent. Je n’oublierai pas ici le répudié de la mouvance Rpgiste : Ismaël Condé qui fut le seul à avoir osé sortir de la marre pour dire toute son opposition au projet de troisième mandat pour Alpha. Quelle bravoure face au sort acharné qu’il savait l’attendre ?

Je m’arrête avec Oumar Sylla dit Foniké Menguè. Il est le seul, de tous ceux cités ci-haut, que j’ai personnellement côtoyé pendant un temps et plus précisément au moment de la grande gloire du FNDC. Le très célèbre prisonnier de nos jours qui reste (avec sa famille) digne de la confiance d’un peuple orphelin. Un peuple laissé pour compte pour le moment car tous les précurseurs sont sous la menace du système. Le temps pour nous de nous réinventer.

Nous devons les accompagner jusqu’à leur libération. À plusieurs reprises, Foniké s’est retrouvé attrait par ceux qui sont aux commandes du pays pour le moment. Un héros n’a pas peur de la prison. On l’y amène pour mieux consolider ses convictions les plus profondes. En prison, le véritable héros apprend et se renforce dans sa position. J’ai observé Foniké sous divers angles. Je lui adresse ici mon message de félicitations et d’encouragement dans sa résistance. Il se trouve sur le chemin le plus glorieux qui n’est pas donné à n’importe quel jeune de son temps.

En lisant sa déclaration de ce matin où il dit, je cite : « Cette sentence ne changera rien à mon engagement envers la lutte. Je continue la lutte contre le troisième mandat de M. Alpha Condé… », je me suis réveillé de mon sommeil. La lutte s’est encore éveillée en moi. Foniké ne tombera jamais aux oubliettes. Sa lutte est celle du peuple. Le peuple de Guinée lui doit énormément. C’est notre héros, notre résistant vivant.

Avec un tel discours, la Guinée a encore une chance car elle compte toujours de valeureux fils en son sein. Donc le combat ne fait que commencer. Nous ne reculerons devant rien même si parfois on se dit il faut laisser ces gens continuer et voir. Non. Ce régime ne doit pas avoir cette tranquillité tant rêvée car il n’a aucun mérite d’être au pouvoir. Le pouvoir requiert de ses dirigeants un minimum de grandeur. Ce qui est loin d’être le cas de nos jours.

À tous les prisonniers politiques dont les convictions reposent sur un socle indestructible, je veux dire toute l’admiration qu’est celle du peuple à leur endroit. Je voudrais leur rappeler qu’ils sont les porteurs de notre flambeau de la démocratie et qu’ils nous manquent tant.

Je voudrais aussi dire à ces vrais héros qu’ils ont en face d’eux un piètre et ignoble régime et qu’ils retiennent  ceci : « Il y a de ces peines de prison qui valent mieux qu’une liberté empoisonnée. Une liberté obtenue au prix d’une mise à genoux n’en est pas une. Sans honneur, sans gloire, Vive la prison », disait l’autre.

Jusqu’au dernier souffle, les guinéens dans leur majorité (car ce ne sera jamais dans leur ensemble) doivent tout faire pour mériter le sacrifice que ces dignes fils du pays sont en train de consentir. Certains sont déjà morts et d’autres sont en prison.

Paix à l’âme de tous nos combattants tombés sous le règne peu enviable d’Alpha Condé.

 

Boubacar Barry

Citoyen Guinéen pour une alternance

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