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Guinée : déficits de la recherche géologiques

En dépit d’une forte potentialité minière, la Guinée ne parvient toujours pas à réaliser ses propres recherches géologiques. Pourtant, dans les années 90, le pays s’est doté des moyens pour avoir une connaissance approfondie des richesses de ses ressources naturelles.  

En vertu de la législation minière d’alors, il a été créé à  cet effet le fonds de promotion et de développement minier (FPDM) qui sera plus tard remplacée  par le fonds d’investissement minier (FIM). Cette nouvelle appellation résulte de l’adoption du nouveau code minier de  2011 amendé en 2013.

Des décennies après la création de ce fond, à défaut d’avoir quelques informations sur l’or, la bauxite, le diamant et le fer. La Guinée peine encore à avoir une large connaissance des potentialités de son sous-sol.

A ce jour, le peu de connaissance géologique disponible est le fruit du résultat des premières recherches faites par les colons, et les différents rapports fournit par les entreprises en activité dans le pays.

Selon les experts, un service de géologie bien développer servira à diversifier et étendre le secteur extractif. En plus, une telle avancée protégera le pays contre une dépendance peu saine des grandes sociétés minières. Et donc, pour y arriver il faut des moyens importants.

« La recherche géologique est une mission qui demande des moyens financiers très important. C’est pourquoi nos difficultés se résument à un approvisionnement Péren.», souligne Kabinet DABO, Directeur Général du Fonds d’Investissement Minier

« L’État doit mettre la main à la poche pour que l’on puisse signer des contrats de lever à une échelle beaucoup plus grande qui nous permettrait d’avoir l’exhaustivité des recherches du pays. Mieux que cela, il faut absolument qu’on ait  un laboratoire national d’analyse des échantillons digne de ce nom. Les échantillons qui sont analysés par les partenaires, je ne dis pas qu’ils ne sont pas honnêtes. Les partenaires sont honnêtes pour la plus part. Mais on ne sait jamais. Si le partenaire est malhonnête, l’analyse de l’échantillon qu’il fait, il peut trouver les éléments plus importants que pour la substance pour laquelle vous avez fait l’analyse. Et mieux que cela il peut minimiser la teneur pour laquelle vous faite l’analyse. Donc, il faut absolument pour le bien du pays un laboratoire de haut standing puisse qu’il est un pays minier. La Guinée est un scandale géologique qu’il faut transformer en scandale économique », affirme Abdoulaye Soumah géologue, également membre du secrétaire exécutif de l’ITIE Guinée.

Quand le vide juridique, limite le cadre réglementaire

Selon l’article 165 du code minier amendé en 2013, le fonds d’investissement minier est censé recevoir 5% d’un certain nombre de flux financiers qui sont tirés de l’exploitation minière. A cela s’ajoute 4 autres postes de recettes qui se résument aux revenus tirés sur les titres miniers, les redevances des loyers de la CBG et aussi  les taxes sur les substances de carrière et des matériaux de constructions.

En se fiant aux prévisions de l’article 165 de la législation Guinéenne portant création et mission, le Fonds d’Investissement Minier a pour objet le Financement de la Recherche minière, de la formation ainsi que des actions concourantes à la promotion du secteur minier. Ceci dit, le cadre juridique de cette disposition de l’article, se trouve être malheureusement limité par le cadre règlementaire. Il est caractérisé par une absence de textes d’applications qui devraient expliquer l’article .Sur le vide juridique Kabinet Dabo revient à nouveau

<< Il faudrait bien que le décret d’application des dispositions financières du code minier soit respecté. On rassure que si nous avons nos 5%, nous pouvons couvrir toutes les zones en termes de recherche pour resserrer le maillage du pays à un 100milième voir à un 50millième très certainement on verra que le pétrole existe ici ou d’autres minerais. Nous avons espoir que les autorités vont nous comprendre. Je suis sûr que l’État guinéen va y penser »

Au cours d’un entretien réalisé au mois d’avril dernier, Amadou Bah directeur exécutif de l’ONG Action Mines Guinée nous a confié ceci. « Je n’ai pas connaissance actuellement d’un texte règlementaire qui définit la composition du fonds d’investissement minier, son organigramme et qu’elle est la périodicité de ces rapports d’activités et financiers pour que l’opinion nationale sache ce qu’elle fait à l’image de la Société Guinéenne de Patrimoine Minier (SOGUIPAMI) qui publie au moyen les activités qu’elle réalise. Aucune information en profondeur pour expliquer comment les transactions se font entre le trésor public qui reçoit l’ensemble des flux ou la banque centrale. »

FIM : qu’elle gestion des autres flux ?

Ces dernières années la Guinée a enregistrée la présence de nombreuses  entreprises  demandeurs de titres miniers. L’obtention de ces documents se trouve être l’une des poches de recettes du fonds minier. Mais il est difficile de connaître le montant réel que le fonds reçoit annuellement en termes de revenus. Mais toujours est-il que le fonds reçoit d’importants flux financiers au niveau des 4 postes de recette cités plus  haut. Pendant que le sous- sol guinéen fait l’objet d’une réelle convoitise, les avis des acteurs du secteur restent mitigés quant à l’utilisation efficace des revenus reversés au fonds d’investissement minier.

Amadou Bah, parle d’un manque de transparence et pense que le fonds est dérouté de ses prérogatives principales. « A ce jour ce qui reste claire on n’a vraiment pas d’informations nous permettant d’avoir une visibilité claire sur l’utilité ou même sur le bien-fondé de l’existence de ce fonds. Nous ne retrouvons aucun rapport où on nous dit au ministère des mines, voilà la contribution du fonds dans le cadre de la recherche géologique qui sont engagés et à qu’elle hauteur. Aujourd’hui on a surtout besoin de diversifier le secteur minier de la Guinée. Qu’on quitte en fait ce cercle traditionnel de l’or, le diamant et la bauxite. On a d’autres ressources. On peut avoir le cobalt, l’uranium, les pierres précieuses. Toutes sortes d’alliages qui peuvent être convoités par les industries occidentales, qu’on peut valoriser pour donner une échelle plus large à l’exploitation minière ».

Ces propos d’Amadou Bah, nous rappellent un article récent dans lequel le journaliste Ibrahima Sory Barry de Aminata.com a écrit. Le Directeur Général n’a pas voulu communiquer sur le bilan annuel de 2017 et les perspectives pour 2018 de sa direction. Kabinet Dabo dit je cite « Je n’ai aucun problème avec la presse. Je suis là ouvert à tout le monde. Mais je suis désolé, je ne pourrai pas me prononcer à la presse sans l’accord de ma hiérarchie, c’est-à-dire le ministre des mines et de la géologie »

A en croire les propos des acteurs miniers, les risques aujourd’hui pour un pays qui ne fait pas ces propres recherches géologiques sont connu. Outre la corruption au niveau de l’octroi des titres miniers, le pays est généralement assujettit à une dépendance vis à vis des entreprises multinationales. Il peut également être confronté à une accessibilité partielle de l’entièreté des informations issues de la recherche géologique effectuée par les entreprises sur les sites.

La nouvelle génération entre espoir et crainte : de la réalité aux enjeux

Avec la nouvelle vague de génération de géologues sortit des instituts d’enseignements  du pays et d’ailleurs, la Guinée dispose aujourd’hui des ressources humaines bien qualifiées capables de réaliser de telles études, avec une bonne politique en matière de recherche géologique. Si l’État n’investit pas dans la recherche,  le manque à gagner est considérable pour la génération actuelle et celle futur qui fondent un espoir tout particulier   de création d’emplois dans le secteur.

Sékou Tonkoya Sylla fait partie de  la 45eme promotion des géologues formées à l’institut supérieure des géo-mines de Guinée. Il pointe du doigt la responsabilité de l’État vis à visa de  cette génération. Sékou estime que l’État guinéen devrait investir dans son capital humain en mettant les jeunes en avant. « Il y’a une compétence avérée dans ce pays et qui sont même les géologues internationaux qui peuvent prendre un permis de la recherche à l’exploitation. Beaucoup de jeunes ont faits des études qui ont traient à la géologie que ce soit ici ou à l’extérieur. Donc, il faut juste avoir confiance en eux et les mètres en avant. Pour preuve, les sociétés qui s’implantent dans le pays ont toujours besoins des géologues guinéens parce que nous maitrisons mieux le sous-sol de notre pays.»

Au-delà des activités énoncées lors de l’interview avec le directeur générale du fonds d’investissement minier, notamment la formations, le financement de quelques projets dont la table ronde sur un développement minier responsable en 2017 et la journée de l’orpaillage, Il ressort que le fonds ne parvient pas encore à couvrir le pays dans ces activités de recherches géologiques qui est l’une des pièces maitresse de sa création

Le code minier guinéen a un principe, celui du premier venu premier servit. Ce principe donne la latitude aux compagnies de réaliser leur propre recherche. Si non avec ses propres recherches, la Guinée passerait par des procédures légales internationales en la matière en lançant des appels d’offres internationales qui ouvrent un certain champ au pays d’apprécier les capacités techniques et financières d’une compagnie dans l’exploitation de ses ressources martèlent les experts du domaine . L’allure de la situation qui se présente dans ce pays soulève  beaucoup d’interrogations chez d’autres.

Parmi ces interrogations, figure en bonne place la question de savoir si un jour la Guinée serait à même de réunir toutes les ressources possibles en vue de fournir les résultats de ces propres recherches géologiques aux entreprises qui seront intéressées par son sous-sol. Mais également celle qui concerne la gestion efficace des ressources actuelles du fond qui  sont tout de même conséquents. Pour la Guinée faire assez de recherches  géologiques, pour assurer son avenir en tant que pays minier reste un défi.

Mariama Barry

«Cet article a été produit par [] et rédigé dans le cadre d’un programme de développement des compétences medias dirigé par la Fondation Thomson Reuters. Le programme est financé par le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) et exécuté par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH.

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