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Guinée : de qui se moque-t-on ?

Tribune. En 2010, un ‘’professeur de droit’’ vint enfumer les guinéens. A l’appui d’une officine de mensonges et d’intox dont il a le parfait secret, il parvint à vendre du rêve et de l’illusion à une population en manque de repère, abusée quelle était par de longues années de dictature, de mauvaise gouvernance et de désespoir.
Elu président, il jura de respecter et de faire respecter les lois de la République. Il affirma prendre la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée ; qu’en 5 ans il fera rattraper au pays son retard de 50 ans ; qu’il sera le Mandela de la Guinée ; et plus, et plus encore !!! Mais ‘’Papa promesses’’ fera l’exacontraire de ce qu’il promit.
Il dimensionna à sa guise toutes les institutions nationales pour mieux les régenter et ignora royalement la Haute Cour de Justice. Il fera de la division son arme de prédilection, de l’ethnocentrisme son instrument de gouvernance ; de la menace et de la violence son cheval de bataille.
Depuis, combien de manifestants sont tombés au nom du maintien d’ordre ? Combien de propriétés privées chèrement acquises par de pauvres citoyens sont cassées sous le prétexte fallacieux de récupération des domaines de l’Etat ? Combien d’innocents ont fait et font encore les frais d’une justice aux ordres ? Combien de cadres experts sont marginalisés dans l’Administration publique au profit des militants sans expérience ni morale ?
Les griefs sont sans limites. Cependant, la poudre de Perlimpinpin continuera à faire de l’effet. En 2015, c’est le coup KO miracle, unique dans l’histoire des démocraties. Et les dégâts s’enchainent.
Et voilà qu’au terme du contrat fixé, on se réveille en sursaut pour constater que la convention n’est pas bien ficelée. Les Droits Humains ne sont pas respectés, c’est la faute à la Constitution. L’électricité, l’eau, les routes et les usines promises ne sont pas au rendez-vous parce que la Constitution est mauvaise. Les rues sont jonchées de montagnes d’ordures et les égouts dégoulinent de merde en raison des manquements à la Loi Fondamentale.
Les populations peinent à se soigner et à manger une fois par jour par la faute de la Constitution. L’éducation périclite parce que ce sont les intérêts particuliers des groupes qui ont rédigé la Constitution qui y sont dominants. On poussera l’outrecuidance jusqu’à nous dire cette Constitution est un chiffon ; qu’elle constitue la pierre d’achoppement à l’émergence souhaitée. Et du moment qu’elle n’est ni la Bible, ni le Coran, il faut la changer, la moderniser. Il faut l’adapter aux exigences du moment.
Interpellez ces affairistes du pouvoir sur le bilan du régime, on vous sert la rengaine du PPTE et de la croissance économique qui n’ont ni couleur, ni odeur, ni saveur dans l’assiette du citoyen. On vous brandit les hôtels qui peinent à atteindre 30% de remplissage. On pousse l’audace jusqu’à dire que le pays est devenu exportateur d’énergie dans un régime de desserte ‘’tour-tour’’ du courant en pleine capitale.
Mais ‘’…le peuple demeure cependant légitimement et vigilant…’’. Paix à l’âme de Kélèfa Sall. Le peuple comprend qu’on l’infantilise, qu’on se moque de son intelligence. Il voit objectivement en le projet de changement de constitution, une volonté de confiscation du pouvoir pour une présidence à vie. Il s’engage à résister au prix du sacrifice ultime. Il agira en conséquence.
De qui se moque-t-on ?
Amoulanfé !

El Hadj Sény Facinet SYLLA
Ex-Secrétaire général adjoint des Affaires religieuses

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