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Financement des propagandes politiques par l’argent public : qui payera le prix ?

Les dirigeants guinéens n’ont jamais brillé par leur souci de moralisation de la gestion des ressources publiques. Les périodes électorales ont la particularité d’être une opportunité pour vampiriser les moyens de l’Etat en s’enrichissant en toute impunité sous prétexte de soutenir le programme de celui qui est au pouvoir.

La situation actuelle ne faisant pas exception à cette pratique malsaine, nous constatons un niveau élevé d’utilisation des ressources publiques à des fins de propagande pour le projet du 3e mandat ou de nouvelle constitution avec comme objectif d’octroyer un pouvoir à vie au président Alpha Condé.

Quelles en seront les conséquences ?

Des déficits vont se créer par le fait de l’indiscipline budgétaire, car ce type de dépense est toujours hors programmation donc extra-budgétaire; une situation qui risque de conduire à une rupture avec la plupart des programmes sérieux des institutions internationales.

Ces déficits ne seront financés alors que par la planche à billets à défaut d’un concours international (absence d’investissements directs étrangers et d’aides budgétaires substantielles, difficultés d’accès aux crédits à taux préférentiel auprès des bailleurs de fonds, inéligibilité au marché des capitaux liée à l’explosion de l’endettement etc. )

Sur le moyen terme, une telle situation aura pour conséquence directe la montée de l’inflation qui va appauvrir davantage la population, car il y aura inévitablement une flambée quasi générale de tous les prix des produits de grande consommation et la perte conséquente du pouvoir d’achat des travailleurs. A cela, il faut ajouter la perte de confiance des investisseurs locaux et étrangers à une économie à haut risque.

Sur le long terme, les mafieux profiteront du vide et de la misère des populations pour prendre en otage l’État, ses institutions et ses dirigeants comme cela avait été le cas aux dernières heures du précédent régime. Ceci aura également des conséquences à trois dimensions essentielles : l’immigration clandestine de masse sera l’option prioritaire de la jeunesse en manque de perspectives sur place ; les crises politiques et sociales prendront de l’ampleur pour rendre ainsi le pays définitivement instable jusqu’au jour où tout bascule pour un retour à la case départ ; la sous-région, en l’occurrence les pays voisins dont la plupart sont en convalescence, vivront des menaces directes de déstabilisation compte tenu de la position géostratégique de la Guinée.

Au regard de toutes ces perspectives critiques, la Guinée et ses voisins ne méritent pas d’être exposés à des situations potentiellement chaotiques par le fait des ambitions démesurées d’un vieux président et la folie d’un petit clan d’opportunistes qui n’ont pour objectif que d’instaurer une autre dictature qui leur permettra de garder leurs avantages en sacrifiant encore une fois l’avenir de plusieurs générations.

 

Aliou BAH

Président de l’organe provisoire de direction du MoDeL

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