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En Guinée, la violence d’Etat et la culture d’impunité sont érigées en système de gouvernance par le régime d’Alpha Condé

En Guinée, les unités de police, de gendarmerie et de l’armée se sont bâties une mauvaise réputation tant par le fait des répressions sanglantes sur les populations que par le racket et les comportements indignes dont elles se rendent tout aussi coupables.

Le bilan macabre des évènements sociopolitiques de 2007, les horribles massacres du 28 septembre 2009 ou encore les nombreuses tueries de populations (sur la route le Prince, à Zogota, à Nzérékoré…) renvoient des forces de défense et de sécurité guinéenne, une image sombre, douloureuse et traumatisante. C’est du moins sous ce prisme peu enviable qu’elles restent perçues par la mémoire collective des Guinéens dans leur ensemble.

A chacune des manifestations, quel que soit le motif, les hommes en tenue ont davantage tendance à agir comme de véritables forces du mal en territoire conquis, tuant, pillant et violant une population qu’elles ont pour mission de protéger aux prix de leurs vies.

L’arrivée en 2010 de M. Alpha Condé avait suscité d’immenses espoirs chez les Guinéens. Avec lui, premier président civil démocratiquement élu et de surcroit professeur de droit, on espérait une rupture totale et nette d’avec les habitudes répressives et meurtrières de nos forces de sécurité. Hélas, à notre grande déception, 10 ans après, on se rend bien à l’évidence que nos espoirs ont été vains et illusoires. Les exactions et les bavures des agents de force de l’ordre lors de leurs interventions, persistent, s’aggravent et s’enracinent dans toutes les opérations de maintien de l’ordre. Les kidnappings devenus méthodes d’interpellation des citoyens. L’impunité est plus criarde et la justice continue de fermer les yeux. Quel héritage ?

Tout récemment (2019-2020), notre pays a connu une période singulièrement marquée par la cruauté dans ces abus et ces violations massives des droits humains. Des populations victimes d’un Etat arbitraire, tyrannique. En Guinée, tuer ou se faire tuer est devenu un fait banal du quotidien. La violence d’État et la culture d’impunité sont érigées en système de gouvernance par le régime. Les agents en tenue répriment et tuent pour des raisons aussi simples que le droit à l’eau, à l’électricité, à la justice, à plus de démocratie, et au mieux-être. Ils arnaquent, extorquent, rackettent et abusent en toutes circonstances (barrages routiers ou patrouilles etc.)

Le trafic d’influence et l’arrogance sont autant des traits caractéristiques de certains de nos hommes en uniforme se comportant comme des supra-citoyens. Pis, ils sont loin d’assurer la sécurité et la tranquillité des populations. Ils sont plutôt dans la protection de leur hiérarchie et d’un système qui a fini par les dévoyer, en faisant d’eux des machines à broyer du citoyen. De véritables milices à la solde d’un groupuscule d’hommes et de femmes prêts à tout pour se maintenir au pouvoir. A tout prix.

Face à ces comportements aussi indignes que déshonorants, on est en droit de se demander à quoi a servi fondamentalement ‘’La Reforme’’ du secteur de la sécurité dont les autorités se sont tant vantées et qui ont englouti une grosse part de notre budget national depuis une décennie.

Dans un tel contexte les relations civilo-militaires deviennent plus difficiles, empreintes de méfiance et de mépris. C’est pourquoi, les forces de défenses et de sécurité guinéennes doivent se réapproprier leur mission républicaine, respectueuse des droits de leurs concitoyens qu’elles ont le devoir impératif de protéger sans distinction aucune. Pour réussir ce pari, une justice dans toute sa rigueur est indispensable pour récréer l’équilibre entre toutes les entités de notre République.

 

Ibou Diallo

Secrétaire Général du Bureau National des Jeunes  & Membre de la Cellule de Communication du MoDeL

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