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Elections législatives au Mali : les Maliens votent dans la psychose de la pandémie du coronavirus

Les élections législatives maliennes, déjà deux fois reportées, ont finalement lieu ce dimanche 29 mars, en pleine épidémie de Covid-19. Le pays compte à ce jour 18 cas déclarés, ainsi qu’un mort.

Au Mali, les bureaux de vote ont ouvert à 8h (TU et heure de Bamako) ce dimanche. Au quartier Mali, dans le sud de la capitale, quelques personnes étaient déjà devant les portes des bureaux avant l’ouverture. Il s’agit de l’un des plus gros centres de la capitale : plus de 9 000 personnes y sont inscrites, selon son président.

La journée de vote s’annonce particulière en raison de la pandémie de Covid-19. A Bacodjicoroni, il n’y avait quasiment que les assesseurs présents. La plupart avec leur matériel de protection personnel. « Un seul masque et une seule paire de gants ont été distribués par bureau de vote », expliquait un coordinateur de centre ce matin.
Des stations de lavage ont été installées à l’entrée. Certains électeurs s’y arrêtent, mais d’autres passent devant sans se laver les mains. Ce matin, il était difficile de respecter les mesures de distanciation dans les bureaux de vote.

Craintes pour la participation

Vers 8h30, le ministre de l’Administration du territoire, organisateur du scrutin, a fait le déplacement au quartier Mali pour aller voter. « Aucune instruction, que les gens sortent voter », a lancé Boubacar Alpha Bah. La grande question du jour en effet, c’est celle bien-sûr de la participation.

Mamadou Diallo, lui, s’est déplacé pour voter car dit-il « il faut renouveler le mandat des députés, illégal depuis un an ». Cependant, même lui s’attend à une faible participation.

« Le pays ne bouge pas. L’Assemblée n’est pas légitime. Il faut une Assemblée légitime pour que l’on puisse continuer avec la démocratie. On a déjà engagé le processus électoral. Cela a un coût. Ce sont des dépenses. Il fallait le maintenir », souligne-t-il.

D’autres, effrayés par le coronavirus, ne feront pas le déplacement.

« On ne peut pas blaguer avec çà. Le Mali n’a rien prévu. Ils devraient donner à chaque votant, un stylo pour que tu puisses signer. Or, il y a de l’encre dans les boîtes. Quarante, cinquante personnes y mettent leur doigt. On peut attraper quelque chose. On avait deux cas au Mali. Maintenant, en une semaine, on a eu 18 cas. E demain, après la fermeture des bureaux, qui sait combien ? Franchement, cela me met en colère », s’inquiétait ainsi un chauffeur de taxi qui a fait le choix de rester chez lui.

Selon le ministère de l’Administration du territoire, il y a une semaine, seulement un quart des électeurs avaient récupéré leur carte de vote, un chiffre inférieur au taux de retrait national, qui est de 60 %.

Situation à l’intérieur du pays

Le vote s’est également déroulé à l’intérieur du pays et a été suivi par notre correspondant, Serge Daniel, qui faisait état, à la mi-journée, d’une matinée de vote calme mais très timide.

Que ce soit dans les localités de Ségou, de Mopti, au centre, ou encore à Douentza, Tombouctou et Gao, dans le nord, les électeurs ne se bousculaient pas encore devant les bureaux de votes, d’après les sources contactées sur place.
Pour les motiver, certains candidats, comme à Ségou, ont mis à leur disposition des motos taxi afin de les transporter vers les centres de vote.
Gros efforts à l’intérieur du Mali pour l’acheminement du matériel électoral… mais dans au moins trois localités de la région de Mopti, des présidents de bureaux de vote ou des assesseurs étaient absents à l’ouverture.

Quelques cas de matériel électoral détourné, la veille du scrutin, ont été signalés et on serait sans nouvelles d’un candidat, dans le centre du Mali.

A Niafounké, dans la région de Tombouctou, le vote s’est déroulé sans le chef de l’opposition malienne enlevé, mercredi dernier. Son parti avait appelé à voter.

Faisons un rapide tour dans la ville de Kidal, ville contrôlée essentiellement par l’ex-rébellion, où le vote s’est déroulé calmement, dans la matinée, pour élire les députés de Kidal. Mais sur place, des populations déplacées votent également, cette fois-ci pour élire les députés de la localité de Abeïbara, située plus au nord.

RFI

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