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Crise sociopolitique en Afrique de l’ouest : des journalistes exilés de différents pays craignent le chaos

La situation politique inquiète de plus en plus la diaspora africaine.  Exilés du Mali, Bénin, de la Côte d’Ivoire, Guinée…, ils redoutent l’implosion de la sous-région. Où va l’Afrique de l’ouest francophone ? La question, pour provocatrice qu’elle puisse paraître, ne mérite pas moins d’être posée.

Les diasporas de différents pays sont préoccupées. Ainsi en est-il de Clément Yao, Vice-président de l’Union de la presse francophone(UPF). Pour lui, l’hypothèse d’un troisième mandat du président Alassane Ouattara, à la prochaine présidentielle, le 31 octobre 2020, de plus en plus probable depuis le décès du candidat officiel du Rhdp, Amadou Gon Coulibaly, en juillet dernier, serait terrible pour le pays des Eléphants si elle se confirmait.

« Si le président ivoirien sortant, Alassane Ouattara, venait à accepter de briguer un 3ème mandat, en dépit de l’interdiction de la nouvelle Constitution, cet acte majeur serait considéré comme la plus haute trahison de la confiance du peuple ivoirien. Ce serait une imposture qui risquerait de faire basculer la Côte d’Ivoire dans une inquiétante spirale de violences », prévient M. Yao, dans un article publié le 30 juillet, sur lafriqueaujourd’hui.net.

Le journaliste va même jusqu’à qualifier un tel acte, s’il venait à se concrétiser, de « véritable coup d’Etat institutionnel », s’appuyant sur l’avis des constitutionnalistes chevronnés, à l’instar du très respecté Professeur Martin Bléou qui estime que le président Ouattara ne peut plus pré- tendre briguer un 3ème mandat pour la simple raison que « la nouvelle Constitution de 2016, ne remettant pas en cause l’ancienne promulguée en l’An 2000, reconduit de facto les dispositions de l’article 55 limitant le mandat présidentiel à deux ».

Ajoutant, au sujet de cet article, qu’il stipule que « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois.» La diaspora guinéenne suit de près ce qui se passe à Yamoussoukro même si la présidentielle, dont la Commission électorale propose la date du 18 octobre, reste à entériner.

« Je suis triste de voir les acquis démocratiques reculer. La Guinée entre dans une ère dictatoriale voulue et actée par le président Alpha Condé sous ses deux mandats légitimes. Le changement de régime en 2010 a donné une lueur d’espoir aux militants de la démocratie après autant d’efforts consentis. Mais les guinéens sont encore plus divisés qu’hier », constate, Ahmed Tidiane Diallo, Représentant du journal Le Populaire, à Paris.

« Renouer les fils du dialogue » Au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keita(IBK), arrivé au pouvoir en août 2013 et réélu en 2018, est fortement contesté par une partie de la population qui lui reproche son incapacité à rendre « le Mali un et indivisible ». Depuis son installation au Palais de Koulouba, le pays n’a jamais été autant divisé, en dépit de l’appui des forces internationales.

« La crise malienne préoccupe plus d’un malien qu’il soit de l’intérieur tout comme de l’extérieur du pays. La crise sécuritaire que traverse le pays depuis la guerre en Libye, la crise du centre du pays avec les dogons et les peuls son cortège de victimes civiles et militaires maliens des amis du Mali des frères africains est une tragédie », explique Tiambel Guimbayara, Directeur de publication de La Voix du Mali.

Il ajoute : « La Covid 19 n’est pas pour faciliter la situation au plan sanitaire. Que dire du couvre-feu, le ramadan, la crise économique mondiale… La solution pour un Mali en paix est le dialogue autour d’une table. Le dialogue pour un compromis politique et la mise en œuvre d’un accord car nous sommes le pays de Koroukanfouga (1236) la première constitution ».

Il poursuit : «Nous sommes le pays du Sanakougna, le cousinage à plaisanterie patrimoine mondial de l’Unesco. Le pays du Maaya d’Amadou Hampate Ba, le sage de Bandiagara. La raison finira par l’emporter, la sagesse prévaudra car le Mali est une digue qui ne doit pas céder ».

Un optimisme tempéré par les échecs de la Cedeao en Guinée-Bissau et au Mali. « C’est parce que les chefs d’Etat ouest-africains ne matérialisent pas leurs promesses une fois au pouvoir. Forcement ça suscite une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux et des marches de protestations. Et ils pensent que leur successeur ne fera pas mieux. L’Union africaine et la Cedeao se rangent toujours du côté des dirigeants. La jeunesse ouest-africaine a compris ce jeu politiquement incorrect », conclut, Ahmed Tidiane Diallo.

 

Par Jean-Célestin EDJANGUE

Depuis Paris pour Le Messager (quotidien camerounais)

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