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Aliou Bah:  »La Guinée est juste un pays,  sans État dans le vrai sens du terme »

Refonder un véritable État pour construire enfin la nation guinéenne. Bâtir une Guinée au bénéfice de tous ses citoyens, nécessite une refondation de ce qui se fait prétendument appeler “État”.

En fait, le système du Parti-État instauré par le premier régime a laissé des séquelles qui continuent de créer un réel problème de compréhension de la démocratie et du service public auprès d’une large proportion de nos concitoyens.

En effet, après l’indépendance, le PDG, parti unique dont le symbole vestimentaire des membres était la couleur blanche, s’est confondu progressivement à l’État naissant au point d’en devenir plus fort. Alors s’opposer à son idéologie et ses pratiques étaient automatiquement considérer comme une position contre les intérêts de l’État donc de la Guinée.

Le second régime, trouvant cela avantageux pour ses ambitions de domination absolue, a construit le PUP symbolisé par la couleur verte, sur les mêmes bases. Ainsi le parti-État qui s’habillait en blanc s’est transformé en vert pour avoir le même mode opératoire. Aujourd’hui, nul besoin de démontrer que le vert est devenu jaune, couleur du RPG, avec les mêmes méthodes qui conduisent au même résultat : la dictature, mère de la misère, de la violence et de l’injustice.

C’est pourquoi, du premier régime à l’actuel, les opposants politiques, les esprits critiques et activistes sociaux sont vus comme étant des ennemis ou des “anti-guinéens” qui ne méritent que la mort, la haine et le mépris. Les fonctionnaires se considèrent comme des militants au service du Parti-État. Ceux qui refusent de se conformer subissent toutes formes d’abus en se voyant attribuer des étiquettes politiques.

Les compétitions dites électorales mettent en jeu le Parti-État avec tous les moyens publics face à l’opposition. Le déséquilibre profite ainsi à un petit groupe de personnes qui agissent selon des principes et lois érigés uniquement pour servir leurs intérêts au détriment de la population. C’est pourquoi les gouvernants ne parlent de loi et de l’autorité de l’État que lorsque leurs intérêts particuliers sont en jeu.

Au regard de cette réalité, il est indéniable que la Guinée est juste un pays (un territoire et une population)  sans État dans le vrai sens du terme, c’est-à-dire des institutions légitimes, une administration impartiale, des lois appliquées et des citoyens républicains.

Alors, il est à la fois urgent et nécessaire de bâtir cet Etat indispensable à la construction d’une nation dont la seule vocation sera d’unir un peuple autour des mêmes objectifs.

Aussi longtemps que nous ne trouverons pas les bons repères pour bâtir une société équitable sur des bases justes et solides, notre pays sera l’otage des dirigeants prédateurs. Ils se serviront des mots et concepts (État, démocratie, élections…) pour uniquement tromper la population et protéger leurs intérêts sordides.

 

Aliou BAH

MoDeL

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