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Des institutions dites républicaines coalisées contre la paix en Guinée

Ma compréhension de profane en droit m’indique que la loi est une prescription de règles de conduite qui fixent les limites de ce qui est permis et de ce qui est interdit à l’Homme dans son rapport au prochain, à l’autorité, à la nature.

La loi qu’elle soit d’essence divine ou temporelle, est faite pour le bien-être de l’Homme, le protéger, rendre sa vie aisée, lui réserver un bel avenir. On pourrait dire que l’Homme est sujet et objet de la loi.

En programmant le premier tour de la Présidentielle 2020 pour le 18 octobre prochain, la CENI dit s’inscrire dans la logique de la légalité. Rapport à l’Article 43 de la ‘’constitution’’ (90 jours au plus, 60 jours au moins avant la fin du mandat en cours). Mais au même moment ; elle s’autorise avec la complicité de la ‘’cour constitutionnelle’’, à compresser les délais légaux d’activités essentielles du processus électoral tels l’enrôlement d’électeurs, l’affichage de listes, j’en passe.

Ce faisant, la CENI promeut un fichier électoral source de conflit du fait de la contestation de celui-ci par une très large frange de la population. Des groupes que l’on sait d’avance prêts à en découdre avec le pouvoir au cas où les conditions minimales de transparence ne sont pas réunies pour le vote.

Les plaies pour les mêmes raisons, laissées par le double scrutin du 22 mars restent béantes. Une répression barbare a conduit à plusieurs dizaines de morts; des centaines de blessés; des destructions massives de biens publics et privés; des handicapés à vie, la privation de liberté pour de nombreux citoyens.

Peut-on rationnellement se préoccuper du respect d’une loi au mépris de la cohésion sociale et de la stabilité du pays ? La tenue d’une élection sous prétexte d’éviter le vide constitutionnel compte-t-elle plus que la vie des citoyens ? Que vaut une loi dont on est sûr que son application conduira inévitablement à la catastrophe pour un pays qui se cherche et dont les populations souffrent le martyr depuis déjà trop longtemps ?

Pourquoi la CENI n’a pas daigné demander l’ajournement de la consultation à la ‘’cour constitutionnelle’’, pour se donner le temps d’épurer le fichier électoral, que tout le monde sait problématique ? On est tenté d’accréditer l’opinion qu’elle est aux ordres de l’Establishment.

Parlant de légalité, combien d’élections ont été tenues à bonne date en Guinée depuis 20210 ? Aucune en dehors de la Présidentielle de 2015. On se rappelle que le second tour de 2010 s’est tenu quatre mois après le premier au lieu de deux semaines. Les Législatives tenues en 2013 étaient prévues en 2011. Celles qui ont eu lieu en 2020 devaient l’être en 2018. Les Communales de 2018 ont mis cinq ans pour être tenues et on n’a toujours pas fini avec.

Alors de quel délai constitutionnel nous parle-t-on vraiment ? De grâce qu’on ne se moque de notre intelligence.

Les bonnes consciences préoccupées par la paix en Guinée doivent œuvrer maintenant à arrêter le processus électoral corrompu en cours. Une grosse mascarade suivie d’une forte agitation sociale, avec pour corolaire un terrible vent de violences seront bientôt au rendez-vous si l’on n’y prend garde.

Que Dieu nous en préserve. Ameen !!!

 

Elhadj Sény Facinet Sylla

Ex. Secrétaire Général Adjoint des Affaires Religieuses

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